L'entreprise publique engagée par la wilaya a déparé la place du 1er Mai (Sidi M'hamed) de ses matériaux nobles. Le revêtement des accotements encore impeccable a été arraché et les pierres bleues d'un ornement attrayant qui ont coûté des millions de dinars ont été complètement détruites. Des ouvriers s'affairent depuis la semaine dernière à démolir avec une pelleteuse les blocs de pierre de la place du 1er Mai, dans la commune de Sidi M'hamed. Aménagée il y a dix ans, la place connaîtra de nouveaux travaux. Les blocs de pierre bleue avaient été complètement détruits, les bancs, installés récemment, ont été démontés, alors que le carrelage, pourtant impeccable, est détruit. Les autorités de la wilaya, qui ont oublié le mélodrame suscité par l'éloignement des pigeons du jet d'eau, ont décidé de réaménager pour la énième fois cette place devenue durant des années, particulièrement au début des années 1990, le point de chute de tous les mouvements de contestation. Les islamistes du FIS dissous y ont fait le point de ralliement pour leurs ouailles. Plus récemment, les fameux contestataires du samedi ont choisi de lancer leurs slogans à partir de cet endroit de l'ex-Champ-de-manœuvres, non loin des fameux groupes HLM. Voulant assurément interdire tous ces rassemblements, les autorités ont décidé de se faire aider par les plans d'urbanisme. Pour réduire la liberté de circulation et de rassemblement à cet endroit, les pouvoirs publics ont réalisé une trémie, un jet d'eau sans goût ainsi que des blocs de pierre. Les mouvements de protestation ont depuis cessé ou ont été réduits à leur portion congrue. Les militants ont jeté leur dévolu sur d'autres lieux dans la capitale pour se faire entendre des décideurs. Les riverains de la place du 1er Mai s'indignent contre les désagréments causés par des travaux qui n'auraient jamais dû être lancés. «Les trottoirs étaient biens. Pourquoi a-t-on décidé de les rénover ? Les travaux ont déjà coûté des milliards. Tout a été complètement arraché. Les ouvriers de l'entreprise publique Ecoteh auraient dû aller sur la rue Hassiba Ben Bouali, toute proche, où le carrelage est complètement dégradé», enrage Kamel L., locataire au 7e groupe. Pour ce quadragénaire, les services administratifs de la wilaya, «mal inspirés», auraient dû faire un tour dans les ruelles des quartiers. «La rue des Frères Muslim, parallèle à la grande rue, a besoin d'une couche de bitume. Tout ce tronçon est gondolé. Les travaux sur le collecteur n'ont pas repris à ce jour», s'indigne Kamel. Lancé en juin dernier pour un délai de 20 mois, le chantier de réhabilitation de la capitale est réalisé à 20%, a signalé le directeur de la DUC, Ali Bensaâd, lors d'une des sorties du wali. Selon le DUC, dix grands boulevards du centre de la capitale connaîtront des travaux divers : enfouissement des réseaux électriques, rénovation du réseau de gaz et d'AEP. Vingt kilomètres de routes devront être rénovés. Le plan de réhabilitation de l'hyper-centre prévoit une enveloppe faramineuse de 600 milliards de centimes. Des entreprises étrangères (espagnole, portugaise) sont engagées pour la réhabilitation, par ailleurs, du vieux bâti. Le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, interpellé par des journalistes, a demandé aux Algérois «d'être patients». Excepté le tronçon de la rue Zighoud Youcef presque complètement achevé, les travaux confiés à des entreprises publiques communales (Ecoteh, principalement), patinent sur la rue Didouche et sur la place Audin, où les commerçants sont exaspérés par les désagréments causés par ces travaux jamais achevés, alors qu'ils sont entamés depuis plus d'un mois.