La menace inquiète notre pays. La société algérienne est angoissée surtout avec ce qui se passe dans les pays voisins, comme la Libye où des groupes armés interviennent et négocient directement avec les multinationales sur l'accès aux ressources», a indiqué, jeudi, l'historien Daho Djerbal, lors de son intervention à l'occasion d'une rencontre sur le thème «La souveraineté face aux nouveaux dispositifs géostratégiques des puissances» initiée par l'Entreprise d'organisation et de manifestations culturelles, économiques et scientifiques (EMEV) à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Le chercheur a souligné, dans le même contexte, que «nous avons commencé à subir une réelle menace de déstabilisation», citant l'attaque de Tiguentourine l'année dernière. «Les décideurs défaillants donnent un prétexte aux puissances étrangères d'intervenir dans un pays où la défection de l'Etat-nation laisse libre cours à la désintégration et à l'accès direct aux richesses», a-t-il précisé. Durant la même rencontre, Tawfik Hamel, historien et chercheur à l'université de Montpellier, a estimé que le monde est actuellement face à une situation de distribution des richesses par les multinationales, utilisant les conflits. Pour illustrer ses propos, il précise que les Etats-Unis n'ont négligé aucun régime au monde dans sa stratégie d'avoir des pays-pivot dans chaque région, comme l'Irak qui se situe, a-t-il expliqué, au carrefour du Levant, constituant un transit privilégié pour tous les projets structurants de l'Europe, l'Asie et l'Afrique. «L'intervention américaine en Syrie n'est pas d'actualité, car les Etats-Unis sont beaucoup plus intéressés à garder leurs intérêts en Irak, en s'appuyant sur un pays-pivot, surtout après la dérive de la résistance syrienne vers l'islamisme radical», a-t-il expliqué dans le même ordre d'idées. Evoquant la question du Sahel, M. Hamel dira que les Etats-Unis continuent de maintenir la pression sur l'Algérie pour l'installation des bases militaires à Tamanrasset, car ils savent qu'aucune intégration régionale ne peut se faire sans notre pays. «Il faut savoir que l'Algérie est un pays fort, mais pas puissant. Notre pays a, certes, un système de sécurité fort, mais la cohésion nationale demeure fragile en raison de la restriction des libertés et de la démocratie», a-t-il relevé. Saïda Bedar, sociologue, a également précisé que les Etats gangrenés, fragilisés et dépourvus de légitimité populaire ne peuvent pas échapper à l'interventionnisme étranger. «Les Américains pensent que le Printemps arabe est une opportunité pour déboulonner les régimes tyranniques, despotiques et totalitaires», a fait remarquer la sociologue.