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Edgar Morin rythme le monde
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Publié dans El Watan le 04 - 11 - 2014

A 93 ans, Edgar Morin est le patriarche toujours alerte de l'Université française. Pour les 70 ans du Monde, le quotidien parisien a publié 50 chroniques du sociologue dans ses colonnes. Une passionnante cure de lucidité.
Lyon
De notre correspondant
On est en mai 1965, alors que la présidentielle se joue entre le général de Gaulle et François Mitterrand, qui vient de créer la surprise. Déjà, les paroles qu'écrit Edgar Morin sont ressemblantes avec ce qu'on ressent aujourd'hui : «Dans son sens électoral, le mot gauche est devenu fade ou magique, comme le mot République. En fait, aujourd'hui, un authentique courant de gauche serait inévitablement minoritaire : il doit appeler à la solidarité mondiale dans une époque où les masses populaires sont lancées à la conquête de la vie consommatrice, il doit appeler à la démocratisation de l'entreprise dans une période où le travailleur achète l'émancipation de sa vie privée au détriment de sa vie de travail, il doit proclamer la faillite humaine du socialisme d'Etat alors que les formules de remplacement se cherchent encore.»
Presque cinquante ans nous séparent de ces lignes publiées dans le quotidien Le Monde pour lequel le sociologue collabore par ses chroniques depuis plus de 50 ans. L'avenir donne raison a posteriori à cette analyse.
En réalité, il s'agit plutôt de lucidité et de regard clairvoyant sur la société. Mai 1968 ne fut qu'un épiphénomène, la victoire de la gauche en 1981 qu'une succession de recentrages vers une politique droitière et libérale, idem en 1997, sans parler de 2014 avec un virage inédit du pouvoir, auquel il convient de mettre des guillemets, «socialiste».
Quant à la perturbation égoïste du peuple, le non-sens politique et les échecs de toute politique de redistribution consommatrice, tout cela accentue la poussée extrémiste de droite. Edgar Morin le dit avec clarté : «Le progrès n'est assuré par aucune loi de l'Histoire. Le devenir n'est pas nécessairement développement. Le futur se nomme désormais incertitude (…). La crise de développement ravage son seulement le tiers-monde, mais notre propre monde, qui s'est sous-développé moralement, intellectuellement, affectivement» (14 février 1990). En 1995, alors que se joue l'élection présidentielle qui verra Jacques Chirac prendre la tête de l'Etat, Edgar Morin précise sa pensée : «De fait, les taux de croissance sont incapables de rendre compte des processus d'altération dans nos vies. Pis encore, partout où la boussole politique est sur la croissance, partout il y a aveuglement sur l'état mental, moral, ainsi que sur le mal-être dans une civilisation de la croissance».
Ceci entraîne la désagrégation du projet social collectif et le rejet de celles et ceux qui empêchent de profiter pleinement «d'un développement que l'on croyait bienfaisant». Dans cette rupture sémantique, sans craindre de caricaturer l'apport puissant d'Edgar Morin, on peut placer le thème de l'immigration qui prend aujourd'hui dans tous les pays du monde l'ampleur d'une calamité à combattre coûte que coûte, même si on en perd son humanité. Ainsi, le sociologue explique la difficulté par une «tension muette, mais craintive ou haineuse de part et d'autre (qui) constitue une barrière invisible et forte à l'approfondissement de l'intégration des populations d'origine arabo-islamique». Ces lignes ont été écrites le 5 juillet 1991. D'ailleurs, ajoute-t-il avec réalisme le même jour : «Une culture forte peut intégrer, mais dans des conditions de développement, non de crise économique et morale. Tout est lié aujourd'hui : politique, économie, civilisation. On commence à voir le lien entre villes, banlieues, logement, atomisation, jeunes, drogue, immigrés et chômeurs, bien que chacun de ces problèmes comporte sa spécificité.»
Enfin, dans une envolée qui est doublement actuelle : «Il ne faut pas exclure l'hypothèse que nous soyons submergés par des crises en chaîne, et qu'alors des régressions économiques, sociales, politiques, entraîneraient l'arrêt de la francisation. Une progression économique, sociale ou politique comporterait au contraire d'elle-même la poursuite de la francisation.»
Le 3 mai 2002, alors que le FN avec Jean-Marie Le Pen est au second tour de la présidentielle, Edgar Morin écrit : «Le lépénisme s'est formé dans les années 60' à partir de l'humiliation de l'abandon de l'Algérie ‘‘française''. Il garde en lui la fixation sur le Maghrébin, inférieur devenu indûment égal, colonisé ‘‘colonisant'' la France.» Pendant la guerre d'Algérie, rappelle le sociologue, dans un texte datant du 26 août 1997, Le Manifeste des 121 publié par L'Observateur contre la guerre : «Bien que je fus prêt à signer la partie du texte concernant le droit à l'insoumission, j'ai préféré avec Claude Lefort susciter une pétition demandant des négociations pour la paix». Bien sûr, dans Cinquante ans de chroniques, beaucoup d'analyses sur l'actualité en mouvement prouvent la lucidité de l'intellectuel avec des mots qui touchent juste, que ce soit sur la Palestine, l'islamisme, le printemps arabe, l'Irak, la Syrie… Passionnant !

*Edgar Morin, Au rythme du Monde, un demi-siècle d'articles dans Le Monde, Presses du Châtelet. Paris septembre 2014, 493 pages.


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