Vingt mille spécialistes du sida se rassemblent demain à Toronto (Canada) pour un conseil planétaire d'une semaine qui va tirer les leçons d'un quart de siècle de lutte contre l'épidémie et exhorter les donateurs à accroître et pérenniser les financements. La 16e conférence internationale sur le sida s'ouvre ainsi sur un bilan plutôt positif : la mobilisation contre le syndrome immunodéficitaire acquis (sida) a permis de stabiliser l'épidémie, qui a fait plus de 25 millions de morts en un quart de siècle. Mais cette tendance mondiale dissimule des disparités géographiques importantes et des comportements discriminatoires qui favorisent la propagation du sida dans des groupes vulnérables, femmes, homosexuels, professionnels du sexe ou consommateurs de drogues injectables, réfugiés et prisonniers. Les chiffres annoncés par les autorités sanitaires donnent froid dans le dos. A la fin de 2005, près de 40 millions de personnes vivaient avec le VIH/sida dans le monde. Environ la moitié des nouvelles infections touchait les femmes. Les derniers travaux de recherche seront présentés et les meilleurs spécialistes interviendront lors de cet événement le plus médiatisé du monde quant à la diffusion de l'information relative à l'épidémie VIH. En outre, ce congrès est le seul qui tente de regrouper des scientifiques travaillant sur tous les aspects de la maladie avec des membres du secteur industriel. Le thème du congrès est « Passons aux actes ». Il souligne l'urgence persistante à élaborer des stratégies de prévention et de traitements efficaces contre le VIH pour les communautés du monde entier. Vingt-cinq ans après l'apparition de cette maladie mystérieuse, qui détruit les défenses naturelles de l'organisme et qui allait être identifiée plus tard comme le sida, l'ampleur de cette épidémie nécessite encore une responsabilité accrue de la part de tous les intervenants quant à la tenue de leurs engagements (financier ou politique). Le défi est de rassembler les ressources et la volonté collective de traduire les connaissances et l'expérience actuelles en programmes de prévention et de traitement du VIH accessibles par le plus grand nombre. Ce congrès vise à atteindre plusieurs objectifs : sensibiliser davantage le public aux effets persistants du VIH/sida et à l'intérêt d'une réponse internationale, souligner les dernières avancées, ainsi que les défis actuels et les espoirs de les surmonter, insister sur le rôle central de la recherche fondamentale, clinique et préventive dans le cadre de la réponse internationale à ce virus et sur le besoin d'un programme fondé sur des résultats cliniques et des bases scientifiques saines. Il s'agit aussi d'influencer les principaux décideurs dans le but d'accroître l'engagement et l'action responsables sur la base de faits, soutenir l'engagement des individus vivant avec la maladie et les professionnels qui luttent contre le virus et mettre un terme aux préjugés dont ils sont victimes. Le sida est encore associé par certains milieux à une « maladie de la honte ». La propagation continue de cette maladie menace de saper à long terme les efforts déployés à l'échelle mondiale pour réduire la pauvreté et promouvoir le développement durable. Selon l'Onusida, c'est 22 milliards de dollars par an qu'il faudra réunir en 2008 pour tenir l'objectif des Nations unies, qui vise une décrue de l'épidémie à l'horizon 2015. Ce congrès va étudier comment gagner la bataille contre le sida avec un message clair : communiquer paraît essentiel si l'on veut provoquer une réelle prise de conscience.