Le président de l'Autorité palestinienne a achevé, hier, une visite de trois jours en Algérie sur un ton de fermeté à l'égard du processus de paix au Proche-Orient, ou ce qui en tient lieu. Et son propos pourrait marquer une espèce de trajectoire qui a pris forme exactement au mois de novembre 1988, lorsque le Conseil national palestinien (CNP) a proclamé la naissance de l'Etat palestinien. L'instance palestinienne a tenu une autre session au même endroit en 1991, pour déclarer son adhésion au processus de paix qui allait être lancé sur la base des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité. Les deux événements se sont déroulés sur le sol algérien. Ce que Mahmoud Abbas a déclaré, hier en conférence de presse, s'inscrit justement dans ce cadre, son propos étant, de fait, la conclusion de 21 années de tractations, car il n'y a jamais eu de véritable négociation ; d'ailleurs, la précaution que le leader palestinien voulait partager avec nos lecteurs, avant même de se rendre à Washington en septembre 1993, n'a jamais paru excessive. Elle s'avère fondée. «Nous sommes déterminés à recouvrer les droits de notre peuple, y compris le droit de retour et la libération de tous les prisonniers palestiniens détenus», avait déclaré le président palestinien, réitérant ainsi les trois principales exigences palestiniennes. Il avait aussi affirmé qu'en cas d'échec du processus engagé actuellement à l'ONU, «nous ne traiterons plus avec le gouvernement israélien qui se verra, alors, contraint d'assumer ses responsabilités, étant un occupant». C'est exactement ce que les Palestiniens attendaient de leurs dirigeants, et ce, depuis longtemps, alors que même les Israéliens – ces derniers peut-être plus que d'autres – appréhendent une nouvelle intifadha. Et dire que certains en sont à analyser et même disséquer les rapports entre Palestiniens et Algériens, alors que ces derniers ont toujours refusé d'interférer dans les affaires palestiniennes. L'Algérie est demeurée proche du peuple palestinien, comme en témoignent différentes actions en sa direction, avec la discrétion pour caractéristique. Elle a aussi respecté les choix de ses dirigeants et l'on se rappelle qu'avant même la signature de l'Accord d'Oslo, le défunt leader palestinien, Yasser Arafat, était venu en informer les dirigeants algériens. Où est donc cette distance au demeurant inexistante dans les forums internationaux, et surtout pas dans les engagements de l'Algérie que ses dirigeants se font un point d'honneur à respecter scrupuleusement. C'est bien une espèce d'assurance dont peuvent se prévaloir les Palestiniens accaparés par d'autres questions. Internes principalement, mais autant parler de fractures à l'égard desquelles l'Algérie a toujours refusé de prendre position. Et si elle se sentait obligée de le faire, c'était pour appeler les Palestiniens à respecter leurs engagements vis-à-vis de leur peuple, leur unité étant le principal d'entre eux. Où est alors le changement ? Nulle part.