Les mesures d'austérité prônées à tous les niveaux par ces temps de déséquilibre financier et de chute du prix du pétrole ne semblent pas trouver bons entendeurs du côté des administrations publiques et les assemblées élues de la wilaya de Souk-Ahras où le gaspillage des fonds du contribuable s'est incrusté dans les mœurs. «Les 26 communes que compte la wilaya de Souk-Ahras dépensent des sommes faramineuses dans la restauration, les bons d'essence et l'équipement bureautique», estime une source administrative qui reconnaît des excès passibles de poursuites judiciaires dans certaines circonscriptions. «De Sidi Fredj à Mechroha et de Ain-Zana à Terreguelt, les lourdes dépenses affectées à ces chapitres dépassent l'entendement et les réparations des véhicules de fonction cachent mal les dépenses fictives des élus», a ajouté la même source. C'est ce même chapitre qui a été longuement commenté lors de l'avant dernière session de l'APW par Djemil Djamel. «Vous dépensez dans la restauration et le carburant des sommes qui dépassent l'entendement (…) et si vous vous sentez offensés, je dirai encore plus et je vous invite à saisir la justice si vous voyez que mes propos sont attentatoires», disait-il devant le président de l'assemblée. Dans la même APW, une récente réhabilitation d'un logement de fonction attribué à l'un de ses membres a été sommairement estimée sur factures à 10 000 000 DA. L'opération douteuse a été fort heureusement bloquée, la semaine dernière, au niveau des services concernés. Cette même enveloppe a été allouée au CSP (centre de sports polyvalent) de la commune de Ouled Driss. Une structure qui ne répond guère aux exigences requises. Idem pour le dojo du chef lieu, les stades de proximité et les autres structures de jeunesse. Dans le secteur de l'agriculture l'acquisition des moissonneuses-batteuses et des tracteurs obéit rarement aux critères de rentabilité et c'est des propriétaires des petits lopins de terre qui sont inclus dans l'opération d'achat au risque ne point atteindre les objectifs qui leur sont assignés. «Il existe dans le machinisme agricole un gaspillage énorme et c'est outils de travail et instrument mal répartis qui finissent soit dans un hangar soit proposés à la vente aux enchères soit en équipement de réserve pour les pièces détachées», estime Lazhar.N, un agriculteur de Lakhdara. DES BÂTIMENTS OFFICIELS SURDIMENSIONNES La construction effrénée des sièges sans âmes dans toutes les daïras de Souk-Ahras, n'augure pas des réflexes de frugalité pour les prochaines années, la manne étant porteuse de tentation et d'une myriade de courtiers et autres intermédiaires. Les sièges et bâtis par la direction des impôts dans les communes de Merahna et Souk-Ahras, peinent à abriter un groupe insignifiant d'employés dont une majorité du personnel recrutée dans le cadre du pré emploi ; Et pourtant ce sont des étages et des dizaines de bureaux qu'on y a érigé contre des dizaines de millions de dinars. Même phénomène à Algérie télécom dont le siège construit sur les lieux d'une vieille bâtisse acquise, il y a des années, pour 60 000 000 DA et dont le coût du projet de réalisation est presque le même. Situé dans une rue à forte circulation routière, sans parking ni espace de déchargement, le siège dit toute l'improvisation et le caractère hâtif de ces projets. Les différentes conventions notamment celles conclues avec des commerçants et des avocats trahissent la volonté de certains responsables à ne point distinguer entre le vital et le superflu. Des membres de l'exécutif engagent à raison de 600 000 DA à 1 000 000 DA l'année, des robes noires pour défendre (théoriquement) les intérêts de leurs directions, en présence d'un service contentieux et surtout, en l'absence, d'affaires nécessitant l'intervention d'un avocat. Les affaires liées à ce chapitre confirment la caractère dépensier des responsables locaux et des élus de Souk-Ahras. Rationnaliser les dépenses passe aussi par le choix des gestionnaires, le suivi et les mesures dissuasives.