Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a ordonné hier la construction «immédiate» de 300 logements en Cisjordanie occupée. Par cette décision, il relance la colonisation de la région et tourne le dos à la paix avec les Palestiniens. «Après des consultations au bureau du Premier ministre, la construction immédiate de 300 logements à Beit El a été autorisée», a indiqué un communiqué qui annonce également «la planification» de plus de 500 logements à El Qods-Est, la partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël. Aussitôt, les Palestiniens ont dénoncé dans les «activités liées à la colonisation» des «crimes de guerre» qui s'inscrivent dans «un plan des dirigeants israéliens pour imposer le ‘Grand Israël' sur la Palestine historique et détruire la solution à deux Etats et la chance d'une paix». S'agissant du projet prévu à El Qods-Est, M. Netanyahu a «autorisé la planification de logements dont 115 à Pisgat Zeev, 300 à Ramot, 70 à Guilo et 19 à Har Homa», tous des quartiers de colonisation de la partie occupée et annexée par Israël depuis 1967. Près de 400 000 colons israéliens vivent actuellement en Cisjordanie occupée, et près de 200 000 autres Israéliens vivent dans différents quartiers d'El Qods-Est. Ce n'est pas tout. Dix ans tout juste après le retrait unilatéral israélien de la bande de Ghaza, une majorité d'Israéliens seraient favorables à la reprise de sa colonisation. Crimes de guerre La communauté internationale considère, rappelle-t-on, comme illégale la colonisation, c'est-à-dire la construction d'habitations civiles dans les territoires occupés ou annexés par Israël depuis 1967. Pour elle, la colonisation par Israël des Territoires palestiniens est le principal obstacle à un processus de paix déjà au point mort depuis des années. Le Premier ministre israélien, reconduit dans ses fonctions au terme des élections législatives de mars, avait promis pendant sa campagne la poursuite de la colonisation et enterré l'idée d'un Etat palestinien coexistant avec Israël, avant de revenir sur ces derniers propos après les élections. Mais le nouveau gouvernement Netanyahu qui a prêté serment à la mi-mai, très ancré à droite, fait la part belle aux nationalistes, aux ultra-orthodoxes et aux partisans de la colonisation. Mais il ne s'agit pas là d'un crime isolé. La décision du Premier ministre israélien de relancer la colonisation de la Cisjordanie occupée «tombe» le jour de la publication par Amnesty international (AI) d'un rapport préparé avec l'équipe de recherche londonienne Forensic Architecture, dans lequel elle accuse Israël d'avoir commis «des crimes de guerre» en tuant «au moins 135 civils» en représailles à la capture d'un de ses soldats lors de la guerre de l'été 2014 dans la bande de Ghaza. «De nouveaux éléments indiquent que les forces israéliennes ont perpétré des crimes de guerre en représailles à la capture d'un soldat (...). Le caractère systématique et délibéré de l'attaque terrestre et aérienne menée contre Rafah ,qui a tué au moins 135 civils, pourrait constituer un crime contre l'humanité», indique l'ONG de défense des droits de l'homme. Les Palestiniens ont adhéré à la Cour pénale internationale (CPI) pour y poursuivre les responsables israéliens. Le bureau du procureur de la CPI mène actuellement un examen préliminaire et le Hamas, au pouvoir à Ghaza, a appelé à «présenter ces nouvelles preuves claires au plus vite à la CPI, à prendre les mesures punitives nécessaires et à juger les responsables de l'occupation». Le rapport Black Friday : carnage à Rafah se fonde sur «des centaines de photos et de vidéos, des images satellites et des témoignages de première main» qui retracent le cours des attaques du 1er au 4 août. A rappeler que l'agression israélienne contre Ghaza en 2014 a fait plus de 2250 morts côté palestinien, en grande majorité des civils, et 73 côté israélien, quasiment tous des soldats. Le bilan de l'agression parle déjà de lui-même.