Une légende, Messaoud koussim, s'est éteinte hier à Sétif à l'âge de 74 ans, après une longue maladie qu'il a affrontée avec courage et dignité au milieu des siens. Saoudi, comme l'appelaient affectueusement les Sétifiens, était un homme juste qui a consacré sa vie à défendre les citoyens et leurs droits là où son devoir d'avocat l'appelait. Brillant avocat, il fera longtemps partie du barreau de Sétif. Ses confrères, unanimes, ont toujours mis en exergue ses brillantes compétences et ses magnifiques plaidoiries. Né le 6 février 1941 à Sétif, il plongea rapidement dans sa première passion. Le football. Il était né sous une bonne étoile, c'est-à-dire dans une ville qui a toujours vécu pour le ballon rond et l'Entente. Ses premiers pas de footballeur il les a effectués dans les rues de Bel Air à côté du stade Guessab, où avec des copains ils enchaînaient des matchs sans fin. Déjà pointait en lui le futur grand attaquant qui allait remporter trois Coupes d'Algérie, contre l'ES Mostagnem (1962), la JSM Skikda (1967) et le NAHD (1968). Il a fait partie de l'équipe qui a remporté le premier doublé de l'histoire de l'ESS. C'était en 1968. C'est à cette époque que s'est forgée la légende du second souffle estonien. Interrogé sur ce chapitre lors de l'interview qu'il nous a accordée chez lui au printemps 2012, Saoudi dira beaucoup de choses sur ce sujet. A la vérité, il n' y a pas de secret à ce qui est devenue une légende : «Avec feu Mokhtar Arribi, très en avance sur son époque, nous travaillions énormément sur les plans physique et athlétique. Eté comme hiver on s'entraînait beaucoup ici à Sétif, au niveau de la montagne Maghreb ainsi que surs les côtes et collines de la région de Guergour à Bougaa.» Messaoud Koussim a eu la chance de croiser dans sa jeunesse des hommes de la trempe de cheikh l'Aida Boumedas, Mayas Benaouda et surtout feu Mokhtar Arribi. Son passage au lycée Mohamed Kerouani, ex-Eugène Albertini, a concouru à façonner le futur président du barreau de Sétif. Il a mené de concert et avec brio carrière de footballeur et études. Il a fait un bref passage au CR Belouizdad dans les années 1970. Durant sa carrière de footballeur, il a eu l'honneur de porter, une seule fois, le maillot de l'équipe nationale. C était en 1965 à l'occasion d'un match amical en Suisse contre l'équipe de la Chaux de Fonds. La partie n'est pas allée à son terme à cause des intempéries. Il a inscrit l'unique but algérien d'un match perdu sur le score de 5 à 1. Dans les années 1990, il a fait partie du bureau fédéral. Dans l'une de ses dernières déclarations publiques, au printemps 2012, il a vigoureusement dénoncé l'orientation prise par le football, notamment à Sétif et s'est déclaré déçu «que mon club ne fasse pas appel aux joueurs du cru, formés au club et qui sont les mieux indiqués pour défendre les couleurs du club de la ville et dans le respect des aînés. Je ne suis pas raciste et je n'ai rien contre les joueurs et entraîneurs recrutés par le club. Je veux seulement qu'on réhabilite le talent des jeunes joueurs sétifiens. Tout comme d'ailleurs celui des entraîneurs. Il y a à Sétif des coachs capables de diriger avec bonheur l'Entente». Prémonition diront beaucoup. En 2012, Saoudi était convaincu qu'un Sétifien mènerait son Entente très haut. Kheïreddine Madoui lui a donné raison avant qu'il ne quitte ce monde. C'est cet homme intègre, juste, loyal, ce footballeur de tempérament et de talent qui a tiré sa révérence à l'âge de 74 ans. En cette pénible circonstance, la rédaction d'El Watan, dont il était un lecteur assidu, présente à sa famille ses sincères condoléances, partage sa douleur, compatit à son chagrin et prie Dieu le Tout-Puissant de l'accueillir en Son Vaste Paradis. «A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.»