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Faut-il arrêter de manger du cachir ?
Intoxications alimentaires : une fatalité ?
Publié dans El Watan le 21 - 08 - 2015

Après la mort de trois personnes par intoxication, les familles des victimes continuent d'accuser les producteurs de cachir. La corporation des transformateurs de viandes accuse la mauvaise communication du ministère de la Santé qui aurait porté préjudice à son activité et l'association de défense des consommateurs s'inquiète du manque de transparence dans l'enquête épidémiologique.
«L'enquête épidémiologique n'est pas complète. Les étapes des investigations et les délais n'ont pas été respectés. I
Il manque beaucoup d'éléments», d'après un épidémiologiste proche du dossier qui ne cache pas son pessimisme : les familles des victimes ne connaîtront peut-être jamais la vérité.
Plus de deux mois après les cas de botulisme qui se sont déclarés en juin dans les wilayas de Khenchela et Batna. Tout a commencé lorsque cinq cas d'intoxication ont été recensés dans le même quartier de Kaïs (à environ 25 km de Khenchela) en juillet dernier. Les victimes ont été admises à l'hôpital, mais au vu de la gravité de leur cas, les médecins traitants ont décidé de les transférer en «urgence» vers le CHU de Batna pour une prise en charge adéquate. Trois d'entre elles décèdent en moins d'un mois.
Plusieurs autres cas se trouvent toujours sous surveillance et les services sanitaires du CHU transmettent des bilans chaque jour au service «salubrité alimentaire» du ministère de la Santé.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le botulisme alimentaire est souvent causé par l'ingestion d'aliments transformés de manière inappropriée.
Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce), en est arrivé aux mêmes conclusions : «Le protocole d'investigation et d'enquête épidémiologique n'a pas été bien conduit. Nous sommes en train de payer les défaillances de cette enquête.
Des questions légitimes restent sans réponse, car certains bilans biologiques n'ont pas été effectués dès l'apparition des symptômes.» Et d'ajouter : «Les organismes sanitaires et de contrôle ont pris du retard dans l'acquisition des échantillons des produits suspects.» Malgré les tentatives des directions régionales du commerce des wilayas concernées de rassurer les consommateurs, en déclarant que les résultats des analyses n'ont pas révélé de traces de la toxine botulique, les familles des victimes ne décolèrent pas.
Contradiction
Elles se sont constituées en collectif. Selon Abdellah Aït Abderrahmane, parent d'une des victimes et représentant du collectif, «les premiers résultats déclarés (le 5 juillet, ndlr) par les autorités étaient positifs.
Il s'agit bien de botulisme. Le problème, c'est que deux jours après, tous les résultats sont devenus négatifs sans savoir comment.» Selon le rapport établi par le professeure Nadia Grinat, le petit Rédha Aït Abderrahmane, décédé le 2 juillet au CHU de Batna à l'âge de 11 ans, était bien atteint «d'une toxi-infection alimentaire paralysante très probablement de type botulique avec détresse respiratoire motivant intubation et ventilation».
Ce qui a été confirmé, le 5 juillet dernier, par le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf : «Le botulisme a été causé par des restes de cachir non identifiés.» Mais selon le docteur Malika Djoudad, chargée du programme «salubrité alimentaire» au ministère de la Santé, «bien que l'aspect clinique oriente vers une suspicion de botulisme, les analyses microbiologiques n'ont pas prouvé la présence du germe Clostridium botulinum».
Pour les parents des victimes contactés par El Watan Week-end, «la cause du décès de nos enfants ne fait aucun doute : c'est bien le cachir, seul aliment commun qu'ils aient consommé.
D'ailleurs, à Kaïs et plus précisément dans le quartier El Yasmine (cité des 100 Logements LSP), c'est le même commerçant qui leur en a vendu.» Selon leurs témoignages, un menuisier du quartier a même alerté le commerçant après avoir constaté que le cachir était impropre à la consommation. «Malgré cela, le vendeur n'a pas retiré le produit de son réfrigérateur. Au contraire, il a continué à le vendre», affirme-t-il.
2500 kilos
Depuis, les directions régionales du commerce et de la santé de Khenchela et de Batna, ainsi que de plusieurs autres wilayas de l'Est ont procédé à des prélèvements sur toutes les marques de cachir en vente dans ces régions afin d'effectuer des analyses. La vente des produits a été bloquée durant environ un mois. Suite aux «résultats négatifs» des analyses, le cachir a été remis sur le marché. Les familles des victimes s'inquiètent et accusent : «L'affaire est manipulée par les fabricants de cachir.» Le producteur pointé du doigt par les familles des victimes ? Le n° 1 en Algérie de la transformation de viandes, Bellat.
Contacté par El Watan Week-end, Lakhdar Bellat, gérant de la société familiale, dénonce «une campagne» menée contre sa société «par certaines personnes irresponsables et malintentionnées». Pour lui, sa marchandise ne peut pas à être à l'origine de l'intoxication. «Dans le pétrin (mélangeur) on mélange 2500 kg de viande.
S'il devait y avoir intoxication alimentaire, il n'y aurait pas seulement trois morts !» Il précise par ailleurs : «Il faut savoir que notre société est responsable du produit durant sa fabrication et sa livraison jusqu'au dépositaire agréé. Mais au-delà, ce sont les commerçants qui sont responsables des conditions de stockage du produit.»
Polémique
Ali Bensenouci, président de l'Association des transformateurs de viandes rouge et blanche, dénonce «une défaillance dans la communication des services sanitaires» et que ces derniers «sont les seuls responsables» de cette polémique sur la consommation du cachir. «Nous aussi nous souhaitons que la lumière soit faite sur cette affaire, assure-t-il.
Si ce produit a causé mort d'homme, les autorités doivent le dire et identifier l'étape de contamination par la bactérie. Si ce n'est pas le cas, elles doivent rendre publics les résultats des analyses afin de rassurer le consommateur qui ne sait toujours pas, jusqu'à aujourd'hui, s'il doit consommer du cachir ou pas.» L'épidémiologiste, qui a souhaité garder l'anonymat, estime que «des analyses des fluides humains doivent être effectuées dans le laboratoire du professeur Merrad, à l'Institut Pasteur, notamment sur les scelles et le sang afin de compléter l'enquête épidémiologique».
Rachid Derardja, père de Haroun Rachid, 11 ans, décédé au CHU de Batna le 17 juillet après une intubation de 27 jours, ne sait plus quoi faire. Voilà plus de dix jours que nous tentons de contacter l'Institut Pasteur via le ministère de la Santé pour obtenir des explications sur le sujet et des copies des résultats des analyses. Toutes nos demandes sont restées sans suite.
Chiffre d'affaires
Les familles des victimes ne sont pas les seules en colère. Depuis le mois de juin, la filière de transformation des viandes «est paralysée», s'énerve Ali Bensenouci. «Le chiffres d'affaires des producteurs a chuté de plus de 80%. Voilà pourquoi on voudrait que la réalité soit dite par les autorités.» Les parents des victimes, eux, sont «déterminés à aller jusqu'au bout».
Dans cette confusion, certains producteurs de cachir accusent «un puissant homme d'affaires proche d'une chaîne de télévision privée d'avoir nourri la haine auprès des familles sans âme ni conscience dans le but d'évincer les marques de cachir existantes et lancer son usine à Alger». Mustapha Zebdi insiste : «Les parents des victimes ont le droit de connaître les causes du décès de leurs enfants. Toute défaillance dans l'enquête doit être sanctionnée par les services juridiques.»


A l'origine du botulisme, une bactérie
Le botulisme est une maladie rare mais pas exceptionnelle. C'est une toxi-infection alimentaire due à une bactérie, le Clostridium botulinum, présent dans notre environnement et qui, parfois, contamine les aliments.
Quand elle se développe, cette bactérie produit une toxine très puissante qui rend malade et peut tuer. Premiers symptômes : troubles de la vue, difficultés à avaler sa salive ou à articuler, faiblesse des membres et troubles respiratoires. Dans les préparations à base de viande, il se peut que la bactérie ait été présente dans le tube digestif de l'animal en question.
Avant de manger, fiez-vous à votre odorat…
60% des intoxications alimentaires surviennent en été
Entre 3000 et 4000 cas d'intoxication alimentaire sont enregistrés chaque année en Algérie, dixit la directrice de la prévention sociale et de l'environnement au ministère de la Santé. 60% de ces cas, enregistrés en été, sont collectifs car contractés pendant les fêtes de mariage, les waâdas ou dans les restaurants (40%). Les brigades de contrôle de la direction régionale du commerce de Batna ont saisi, depuis début du Ramadhan, près de 44 tonnes de produits alimentaires impropres à la consommation en vente dans les wilayas de Batna, Khenchela, Oum El Bouaghi, Constantine, Tébessa et Biskra.

Les transformateurs des viandes en colère
Dans un communiqué diffusé début août, l'Association des transformateurs de viandes a dénoncé «la campagne de diffamation qui a visé le cachir en l'accusant, sans aucune preuve scientifique, d'être responsable des intoxications alimentaires». Selon eux, «Le cachir ne peut être responsable de ces intoxications alimentaires car il est produit en très grande quantité et est distribué à travers tout le territoire national. Et dans le cas où il serait avarié ou impropre à la consommation, le nombre de personnes qui auraient été touchées s'élèverait à des milliers». En Algérie, 230 tonnes de cachir sont produites chaque jour par 3800 ouvriers environ. Les principaux producteurs sont Bellat et Ammour.

Sécurité alimentaire : à la recherche des standards européens
Un jumelage entre l'Union européenne et le ministère de l'Agriculture est en gestation pour l'amélioration de la sécurité sanitaire des produits alimentaires d'origine animale pour leur commercialisation sur le marché intérieur et faciliter, le cas échéant, leur exportation vers l'UE. Il est question d'harmoniser les règlements et les normes nationales avec l'UE et de mettre à niveau les différents contrôles vétérinaires, dont l'inspection, afin de répondre à la norme internationale ISO/CEI/17020 recommandée par l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE).
Quatre-vingt-cinq experts français et italiens y travaillent depuis 2014 pour une durée de 24 mois, soit jusqu'à avril 2016. Béjaïa et Tlemcen ont été désignées pour ce programme comme wilayas-pilotes. Un plan algérien de surveillance des contaminants et résidus dans les aliments de bétail est mis en place au même titre que le contrôle de l'utilisation du médicament vétérinaire et sa présence dans les denrées alimentaires. Des procédures extrêmement pointues, aussi bien sur le plan législatif que sur celui de la santé publique, vont de facto être appliquées, notamment à Béjaïa et Tlemcen.


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