Ce travail de recherche a concerné un échantillon de 1172 étudiants, soit 2,1% de l'effectif. Première conclusion : le taux de prévalence de la consommation de drogues chez les étudiants de Tizi Ouzou est nettement supérieur au taux retrouvé au niveau mondial (3 à 5%) et dans l'enquête nationale de 2010 (1,15%), note ce spécialiste de la santé mentale et directeur général du CHU de Tizi Ouzou. L'exploitation des données indique que le taux de prévalence de la consommation d'une ou plusieurs substances psychoactives, chez les étudiants enquêtés, est de 9%. La consommation spécifique par sexe est de 73,3% pour les garçons contre 6,7% chez les filles. L'enquête menée par des médecins résidents en épidémiologie et en psychiatrie du CHU de Tizi Ouzou, assistés de leur chef de service, a révélé en outre que plus de la moitié des étudiants de 19 à 21ans consomment de la drogue, contre 27,7% chez les universitaires dont l'âge varie entre 22 et 24 ans. La motivation personnelle pour la consommation de drogue représente le plus grand pourcentage (49%) par rapport à l'influence du groupe et des amis, avec respectivement 15 et 9%. Les drogues les plus consommées par les étudiants enquêtés sont le cannabis (44% des répondants), les psychotropes, Ecstasy (37%), le Valium et l'Artane. Selon le Pr Ziri, 38,5% des étudiants enquêtés consomment de manière régulière du cannabis alors que 7,4% d'entre eux en ont pris au moins une fois, et 94,5% ont avoué avoir consommé du cannabis durant les 12 derniers mois précédant l'enquête. Certains étudiants ont déclaré que le coût élevé de la cocaïne et sa disponibilité sur le marché local constituent un obstacle à sa consommation. Néanmoins, 44,4% (sur 9 étudiants) l'ont consommée durant les 12 derniers mois et 39% de 1 à 5 jours au cours des 30 derniers jours. Cette enquête fait ressortir aussi une consommation de tranquillisants, Valium, Tranxene et Rivotril notamment, avec un taux de 3,9% dont 16,6% des étudiants ont consommé l'un d'eux au moins durant 1 à 5 jours dans le mois précédant l'étude. S'agissant d'alcool, l'étude nous apprend que 19,8% des étudiants en consomment, dont 45% sur 187 étudiants de sexe masculin et 4,2% sur les 310 étudiantes. Le tabac est également prisé. La prévalence de consommation est de 26,1%. Pour remédier à ces fléaux, le Pr Ziri plaide pour la multiplication des enquêtes de prévalence de la toxicomanie dans la communauté estudiantine afin, dit-il, de proposer des méthodes de prévention contre ce mal qui constitue une préoccupation majeure des pouvoirs publics, des éducateurs, des professionnels de santé mentale, des parents et du mouvement associatif. «Notre objectif principal, à travers cette enquête, est de mesurer la prévalence de la toxicomanie chez les étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, de connaître la proportion de consommation de drogue selon les substances en fonction des caractéristiques de personnes. C'est une étude transversale descriptive réalisée auprès des étudiants inscrits à l'université de Tizi Ouzou. Notre travail a concerné tous les étudiants inscrits dans les différentes facultés de l'université Mouloud Mammeri à Tizi Ouzou, durant l'année universitaire 2015-2016. Un échantillon d'étudiants a été calculé sur la base d'une prévalence estimée par les résultats d'une enquête algérienne réalisée en 2009. Pour des raisons pratiques, l'augmentation de la taille de l'échantillon a été nécessaire pour minimiser la variance intergroupe», conclut le Pr Abbès Ziri.