La 14e édition du Festival de la chanson amazighe, qui s'est déroulée à Béjaïa du 16 au 20 août, a pris fin, samedi soir, dans une ambiance riche en couleurs, animée par le ballet de danse maghrébin Cirta, les chanteuses Nouria et Nadia Baroud. Le chanteur Kaci Abdjaoui, à qui cette 14e édition est dédiée, est également monté sur scène et a gratifié le public, nombreux, d'une de ses chansons phares. La soirée a également été marquée par la remise de prix aux lauréats du concours du festival qui se sont également produits, tour à tour, en reprenant des titres de vedettes de la chanson kabyle. Baâzizi Nassim d'Amizour a décroché le premier prix, Mouhri Billal de Bouzeguène le deuxième et Ahfir Thileli de Timezrit (Béjaïa) le troisième. Les étoiles montantes de la chanson kabyle ont reçu leurs cadeaux et des chèques de récompense des mains des autorités locales, des élus de l'APC de Béjaïa notamment. Pour revenir sur le programme de cette14e édition, il faut dire qu'elle aura été riche en sonorités et en diversité, mais des carences sont à déplorer. Pour la première fois, en effet, le festival a revêtu une dimension maghrébine, avec la participation d'artistes marocains et tunisiens, en attendant l'élargissement de cette initiative à l'ensemble des pays du Maghreb, voire au-delà. C'est d'ailleurs le souhait du président du comité des fêtes, Abdelmalek Bouchebah, qui s'est exprimé sur le sujet. «A la fin de la 13e édition, nous avons promis d'ouvrir le festival aux Amazighs de tout le Maghreb. C'est désormais chose faite. A l'avenir, nous souhaitons aller encore plus loin et pourquoi pas arriver jusqu'à l'Egypte pour inviter les amazighs de ce pays à y participer», a-t-il dit face au public. Cependant, l'autre souhait, du public celui-là, c'est d'enrichir la grille programmatique du festival que d'aucuns trouvent trop tombée dans la routine ennuyeuse à leur goût. En l'absence de vedettes de la chanson kabyle, à l'image d'Idir, Ali Amrane ou Akli D, les personnes interrogées à ce sujet disent avoir l'impression «de revivre la même édition». Spectacle mémorable du «Mick Jagger» des Berbères Cela dit, au-delà des appréciations des uns et des autres, toujours est-il que le festival a eu ses moments forts. A l'exemple de la prestation des Marocains, qui n'est pas passée inaperçue. Au contraire, Muha Tawerguit et Amnay ont marqué les esprits. Les deux jeunes chanteurs amazighs de l'Atlas marocain ont «cassé la baraque» devant un public qui, admirablement réceptif, a apprécié leurs chansons, notamment quand ils ont repris le défunt Matoub Lounes et Idir. C'est le cas aussi du duo tunisien du groupe de rap H2Z. Le duo a fortement apprécié sa présence au festival et de s'être produit en Kabylie. «C'est un rêve que nous réalisons», nous ont-ils déclaré, émus. L'autre passage, notable aussi, est celui de Joe Les Berbères. Comme à son habitude, Djamel Sabri a donné un spectacle mémorable, avec l'énergie et la gestuelle à la Mick Jagger qu'on lui connaît. Il y a lieu de citer aussi le gala de Rabah Asma, un des fidèles du Festival de la chanson amazighe de Béjaïa. Il convient de souligner, par ailleurs, le jumelage opéré cette année entre le festival et la première édition du Festival du chant patriotique amazigh. Les organisateurs ont voulu ainsi célébrer le double anniversaire du 20 Août 1955 et 1956. A noter que, parallèlement aux galas, des conférences ont été données sur le thème du chant patriotique et la chanson amazighe, dont celle de l'anthropologue Ali Sayad, sur l'œuvre du défunt Chérif Kheddam.