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Bordj Menaiel veut renaître
Les stigmates de la crise et du séisme à Boumerdès
Publié dans El Watan le 29 - 10 - 2006

Sortir la tête de l'eau pour mieux respirer en attendant de remonter à la surface, tel semble être le défi que s'attelle à relever cette ville, l'un des plus importants centres urbains de la wilaya de Boumerdès aux côtés de Dellys, Boudouaou et Kemis El Khechna.
Bordj Menaiel a pour signification ou origine : l'verj Imenayen en kabyle (le fort des cavaliers), vous diront non sans une bonne dose de revendications sur ce rempart de la Kabylie beaucoup d'habitants. D'autres soutiennent plutôt que cela dérive de Bordj Oum Naiel avançant la légende selon laquelle une sainte de la Hodna, du nom de Bella Aïcha, dont le souvenir est perpétué par le cimetière de la ville qui porte son nom, Lalla Aïcha. Une troisième version soutient que cette nomination tire son origine de L'Bordj Lemniyel (le fort peint ou bleu ?). C'est dire si la ville ne se cherche pas depuis des années. Cependant, il se trouve à Bordj Menaiel des citoyens qui ne voudraient échanger leur ville contre aucune autre en Algérie. C'est, par exemple, une ville où le commerce prospère et l'activité commerciale en générale est débordante. D'où d'ailleurs la prolifération des vendeurs occasionnels qui accaparent jusqu'aux espaces publics. Cela se constate, à titre d'exemple, dans la montée qui fait face au tribunal de la ville. Dans cette zone, des rues entières sont occupées par ces commerçants, bloquant toute possibilité de circulation. « C'est après le séisme de mai 2003 que cette situation s'est imposée. Beaucoup de commerçants ont été touchés dans leurs biens et dans leur chair, nous n'avons pas alors voulu brusquer une population déjà suffisamment affectée par la catastrophe. » Des commerçants dont les locaux avaient été détruits devaient continuer à travailler après le séisme, d'où une sorte de permissivité des autorités. Cela, dit-il, s'est glissé dans le lot de nombreux cas qui ne figurent pas dans cette catégorie. Mais globalement, la situation s'améliore. Bien que beaucoup de considérations entrent en jeu dans ce bras de fer entre les autorités et les commerçants informels. « Bordj Menaiel a la caractéristique d'être une ville de tension. La situation sécuritaire étant ce qu elle est, il n'est pas indiqué de pousser la jeunesse au désespoir si on n'a rien à lui proposer comme alternative », répondent des membres de l'exécutif communal à ce sujet. Le chômage bat son plein dans cette région, un autre argument pour « tolérer » ce squat des lieux publics. « Préférez-vous qu'ils s'installent sur le trottoir pour écouler tranquillement leurs marchandises ou les livrer aux réseaux de trafic de drogue, de banditisme, de terrorisme ? », a répondu un responsable local à notre question relative à cette prolifération desdits commerçants. Dans leur plaidoirie, les responsables de Bordj Menaiel évoquent aussi un ambitieux projet de réaménagement urbain à coût de milliards de centimes qui va permettre de relooker tout le périmètre de la ville contenu entre le jardin du centre-ville et la cité Bousbaâ. Ils parlent aussi de quelque 700 logements dont les travaux de réalisation viennent d'être entamés du côté de Vachet qui « seront livrés dans une année » et de 1000 autres logements à Dar El Qahoua qui seront lancés dans les jours à venir. Et « avec la distribution prochaine de plus de 1000 unités au profit des sinistrés du séisme, il y aura libération d'autant de chalets qui seront affectés au volet social », nous déclarent les responsables de l'APC soulignant que suite au séisme, 1600 chalets ont été installés sur le territoire de la commune. Les responsables locaux comptent beaucoup sur l'extension du périmètre de l'aménagement urbain (PDAU) qui jusqu'ici ne permettait aucune extension ni réalisation importante, vu que : « Les poches constructibles sont épuisées dans la ville nous mettant dans l'impossibilité de prétendre au lancement de nouveaux projets à même de rehausser l'image de la ville. » Notre tournée dans la ville nous mène dans le lotissement qui, lancé en 1982 diront ses habitants, souffre à ce jour de ses routes qui ne sont pas goudronnées. « Il y a 900 habitations individuelles dans ce lotissement, ce qui fait de lui un quartier de quelque 6000 habitants qui demeure ignoré. Les automobilistes, les écoliers et les habitants d'une manière générale sont soumis depuis plus de 20 ans à cette situation déplorable », dit un citoyen. Pour autant, le maire par intérim soutient que cette cité « bénéficie de toute l'attention de l'assemblée actuelle ». « L'année dernière, nous l'avons raccordée au réseau de gaz naturel et par la suite nous avons lancé les travaux de revêtement de ses routes. Nous avons commencé par couvrir les accès principaux par du gravier en attendant de parachever les travaux par le bitumage de toutes les artères », ajoute-t-il non sans reconnaître que beaucoup de temps avait été perdu concernant ce lotissement en particulier.
Rumeurs et accusations
Le vice-président de l'APC, M. Boumzar n'est pas décontenancé lorsque nous lui posons la question relative à la rumeur colportée ici et là à Bordj Menaiel selon laquelle des membres de l'assemblée ont été les premiers à se servir, sans y ouvrir droit, lors de la distribution des logements revenant aux sinistrés. « Pour tirer au clair cette affaire, je dois préciser qu'il n'y a parmi nous qu'un seul sinistré de la catégorie rouge. C'est quelqu'un qui a perdu 4 membres de sa famille dans l'effondrement de leur habitation, et il occupe actuellement un logement de l'EPLF. Quant aux autres, je tiens à dire qu'aucun parmi eux n'a bénéficié d'un logement de l'OPGI, » a-t-il déclaré. Récusant les mêmes accusations portées à l'encontre du maire de Cap Djinet qui, selon les citoyens de la ville aurait été attributaire d'un logement social dans le programme de reconstruction dans la nouvelle cité de Bordj Menaiel, notre interlocuteur déclare que « ce sont des rumeurs infondées ». « Si les gens achètent chez des constructeurs faisant de la promotion, comme l'EPLF, a-t-on le pouvoir ou le droit de les en empêcher ? », s'interroge-t-il. La vue du centre culturel de la ville, qui est un bien communal nous expliqueront plus tard les responsables de l'APC, a soulevé la question de l'état actuel du chapitre culturel à Bordj Menaiel. Et nous saurons que le Théâtre Sindjab que dirige Omar Fetmouche vient de reprendre ses activités après avoir été bloqué durant 3 ans à cause de la catastrophe de 2003. Et que les deux salles de cinéma de la localité ont été fermées. M. Zerkal nous révélera qu'une bibliothèque va être bientôt lancée au centre culturel de la ville qui, lui aussi a nécessité des travaux de réhabilitation suite au séisme. « Nous avons également ouvert une salle polyvalente à Aïn El Hamra » ajoute-t-il. A midi la ville se remplit soudainement d'écoliers qui quittent les salles de cours. Le policier qui régule la circulation au centre-ville, déjà débordé par le flux incessant des automobiliste, accroît sa vigilance et se fait le devoir de tenir parfois par la main des enfants qui ont « raté » le flux des piétons à qui il a facilité le passage pour les amener d'un trottoir à un autre. Certains automobilistes s'impatientent, les klaxons fusent ; mais lui, serein, ne semble avoir d'yeux que pour ces innocents en ce moment où ils semblent se défouler, se libérer des contraintes de l'école. Cette jeunesse a-t-elle droit de cité dans le programme d'amélioration des conditions de vie des citoyens de Bordj Menaiel ? « En tout cas, nous nous efforçons de faire le maximum. Les moyens mis pour le ramassage scolaire sont certes dérisoires, mais nous en faisons un usage maximal. Les trois bus dont nous disposons desservent en alternance la quasi-totalité des villages. Des aires de jeu sont aménagées dans les villages tels Aïn El Hamra et Tizi N'Ali n'Slimane. Une salle omnisports relevant de la DJS assure un service fait de toute une gamme de choix d'activités sportives en attendant de rouvrir la deuxième salle qui demeure fermée depuis le séisme, et la prise en charge dans les cantines des seules écoles primaires s'élargit d'année en année pour toucher 3000 élèves cette fois », dit le premier responsable de la commune. Connue pour avoir été sévèrement touchée par le terrorisme et la crise multiforme qui ronge le pays depuis des années, Bordj Menaiel montre aujourd'hui une plate-forme de revendications similaire à toutes celles des autres villes d'Algérie : sécurité, emploi, logement et programme de développement local. La ville a malheureusement la réputation d'être des moins sécurisées de la wilaya : agressions, vols et autres affaires de banditisme sont le lot quasi quotidien des citoyens. Un commissariat de police avec des effectifs réduits pour un centre urbain pareil ne peut à l'évidence que se voir « dépassé, débordé ». Le goudron pour les routes des villages, l'eau, les réseaux d'assainissement, le transport, l'instauration de la rigueur dans la répression du squat des biens publics et des constructions illicites qui pullulent dans la ville , l'élaboration d'un programme sérieux de résorption du chômage. Les besoins de Bordj Menaiel sont colossaux. A l'image du pays, la ville ou la commune d'une manière générale, accuse un énorme retard en termes de développement. Pis « dans pas mal de chapitres, sinon dans tout les domaines, Bordj Menaiel a connu une énorme régression », soutiennent ses habitants regrettant « les temps anciens où il faisait bon vivre ici ». La ville connaît une grande extension sans qu'il y ait eu des projets d'accompagnements pour cet agrandissement. Le centre-ville, qui garde et gardera peut-être à jamais, les stigmates du séisme de mai 2003 témoigne de cette exigence : un saut qualitatif réunissant souci de développement et rigueur de l'Etat. Des commerces continuent à ouvrir et à travailler le plus normalement dans les rez-de-chaussée de bâtisses dont l'étage supérieur est ravagé par le dernier tremblement de terre à cause des différends entre les co-propriétaires. Toutes les réunions tenues sous l'égide des autorités de la wilaya afin d'en finir avec cette situation ont buté sur l'intransigeance des propriétaires des locaux.
Anarchie et vide culturel
Ce que nous aurons en outre constaté dans la ville de Bordj Menaiel, c'est la prolifération des salles de prière qui se livrent à une sorte de « concurrence » terrible. « Dans pratiquement chaque quartier, vous trouverez une salle de prière. Bien qu'elle ne soit pas autorisée à faire les appels à la prière, il fuse à chaque rendez-vous une série interminable d'adhan à hauts décibels ébranlant sérieusement la quiétude des citoyens. Les pratiquants sont ainsi perdus ne sachant quel horaire respecter et à quel appel répondre, celui-ci n'étant pas synchronisé. Une désorientation de plus. A la mairie, les bousculades du début du mois de septembre au service de l'état civil ont sensiblement diminué. Mais il n'y a pas que la période qui fait ce changement, » explique le vice-président. « Nous avons ouvert 4 antennes de mairie aux sites de chalets Vachet et BCR et aux villages Aïn El Hamra et Tizi Ali N'Slimane. Pour faciliter la tâche aux citoyens, nous avons pensé à les ouvrir les samedis pour qu'elles ferment les jeudis, contrairement à ce qui se fait au siège de l'APC. Ainsi les citoyens auront tout le temps (6 jours sur 7) pour se faire délivrer des documents dont il sont besoin. » Mais ici aussi nous mesurons l'ampleur du désastre que provoque le chômage : sur les 250 employés de la collectivité, près de 150 sont recrutés dans le cadre de l'« exploitation des jeunes ». Un programme nommé « Emploi de jeunes » par lequel des jeunes filles dans la plupart de cas, des universitaires parfois, sont payés 2500 ou 3000 DA par mois. Si les services de l'hôpital de la ville sont jugés « globalement satisfaisant par rapport aux établissements des autres villes », les citoyens s'interrogent tout de même sur « le retard enregistré dans la mise en service du centre d'hémodialyse » doté dernièrement d'une demi-douzaine de machines. D'une envergure plus grande que le chef-lieu de wilaya lui-même, cette ville a besoin qu'on porte sur elle un autre regard. Elle a besoin d'un nouveau souffle qui lui permettra de retrouver sa splendeur perdue. « A voir les toutes dernières réalisations, comme les cités du programme de reconstruction, le nouveau centre des urgences à l'hôpital, le tout nouveau et joli tribunal, le nouveau siège de la CNEP et considérant d'autres projets annoncés dans le cadre du plan quinquennal, on s'autorise à espérer un changement », nous dit un groupe de citoyens.


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