Plus du tiers des raids aériens menés au Yémen depuis mars 2015 par la coalition arabe conduite par l'Arabie Saoudite ont touché des sites civils, dont des hôpitaux et des écoles, affirme une enquête publiée hier par le quotidien britannique The Guardian. Le journal s'appuie sur des chiffres fournis par le Yemen Data Project, une organisation répertoriant les données liées au conflit, qui oppose les troupes du gouvernement, soutenues par la coalition, aux rebelles chiites houthis, alliés aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Le Yemen Data Project avance que sur quelque 8600 raids menés par la coalition entre mars 2015 et fin août dernier, 3577 ont touché des sites militaires et 3158 des sites non militaires, le reste des attaques n'ayant pu être précisément identifiées. L'enquête fait également état de 942 bombardements contre des zones résidentielles, 114 contre des marchés, 34 contre des mosquées, 147 contre des infrastructures scolaires ou encore 26 contre des universités. «L'un des aspects les plus problématiques de l'enquête pour l'Arabie Saoudite concerne le nombre d'attaques répétées» contre un même site civil, souligne le Guardian. Un bâtiment scolaire de Dhubab (sud-ouest) a ainsi été touché à «neuf reprises» et un marché à Sirwah (est de Sanaa) «24 fois». Régulièrement accusée de bavures, la coalition affirme ne pas viser délibérément des cibles civiles. Cité par le Guardian, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Al Jubeir, a jugé les chiffres avancés «largement exagérés» et critiqué la méthodologie employée. Les Houthis «ont transformé des hôpitaux et mosquées en centre de commandement», mais aussi en «dépôts d'armes qui ne sont plus des sites civils», a-t-il accusé. La guerre au Yémen a fait plus de 6600 morts, pour la plupart des civils, et les violences se sont intensifiées depuis la suspension le 6 août des pourparlers de paix tenus sans succès au Koweït.