La clôture de la 8e édition du Festival international de musique symphonique a montré l'intelligence opératique et lyrique de l'Allemagne, de l'Italie et de la Chine, dimanche soir à l'Opéra Boualem Bessaïh, à Alger. Trois pays ont eu la lourde tâche de clôturer le Festival international de musique symphonique, qui s'est déroulé du 30 novembre au 4 décembre 2016. L' Allemagne, l'Italie et la Chine. Et ils ont placé la barre haut, très haut. Ils ont prouvé que pour entrer à l'Opéra, c'est travaillant, très dur. Et ils sont entrés par la grande porte de l'Opéra Boualem Bessaïh. L'Allemagne a démontré la rigueur et la justesse légendaire avec son mental et moral de gagnant. Du «made in Germany». C'est le duo Gerassimez. Wassily (violoncelle) et Nicolai (piano) dont la musique est une affaire de famille. Car c'est une fratrie. Ils jouent avec quatre mains. Dans un aller et retour incessant, entre des touches blanches et noires et la précision au corde au du violoncelle. Un jeu filial exprimant l'indolence, la langueur, la mélancolie tantôt romantique, tantôt tzigane, tantôt hypnotique, tantôt funky, tantôt un ton argentin et cristallin, et ce, sur du Bohuslav, Manuel de Falla(La Vida breve) ou encore Astor Piazzolla (le Grand tango). Les frères de «son» interprèteront leur propre opus, une composition personnelle intitulée Amira. Un poème déclamé : «La nuit, le froid, la paix, le silence/Un mirador/Une armée aux portes de la ville/Un mirador/On entend des tambours/Un enfant de son temps… ». Et puis, des trouvailles. Cela les «botte» Ces notes orientalisantes avec un effet-écho. Telle une marche funèbre, martiale. Les frères Gerassimez inviteront pour un featuring (participation) un jeune percussionniste (derbouka), Sofiane Frendi, qui annoncera le «jam» : «On vient tout juste de faire connaissance. Il y a une heure. On répétait un tout petit peu. Et voilà, c'est de l'impro…». «Vielen danke » (merci beaucoup) ! L'Italie, le Pavarotti, de Fellini, et de la pasta al dante, a aligné une «squadra azzura». Trois ténors, les meilleurs, et un pianiste. Un «pianoman» comme dirait Billy Joel, Gianluca Bianchi, jouant avec maestria, Flavio Bianchi, Piero Mazzocchetti et Claudio Rocchi. Ce trio transalpin a exhibé l'exubérance du bel canto. Et ce n'est pas des hurlements. Ils ne se sont pas époumonés. Un cri du «chœur» en reprenant Giuseppe Verdi, Umberto Giordano, Gaetano Donizetti, Giacomo Puccini, George Bizet, Ruggero Leoncavallo, Enesto De Curtis, ou encore Salvatore di Giacomo. Les trois ténors italiens se sont relayés et puis se sont regroupés pour une polyphonie lyrique. Ils se surpasseront. Quelle force ! Forza Italia ! Avec des consonances napolitaine, toscane, florentine ou encore vénitienne. Le trio a ramené avec lui dans ses bagages un morceau d'Italie. Et de choix. Et ça botte. Le public les accueillera de par une ovation triomphale. En guise de présent d'Italie, qui sera l'invitée d'honneur de la prochaine édition, ces quatre garçons dans le vent (y compris le pianiste) chanteront Sole Mio, la fameuse ballade napolitaine qui sera reprise par Elvis Presley ( It's Now or Never) et Rachid Taha (en featuring avec Jeanne Added, en 2013). Italiano Vero. Des Italiens vrais. 1er choix du «Made in China» La Chine a prouvé qu'elle n'était pas loin (comme le dit le film, la Chine est encore loin de Malek Bensmaïl). Au contraire. Juste à côté. A portée de voix. Car l'Opéra Boualem Bessaïh est un cadeau de la République populaire de Chine. Un beau et précieux présent au peuple algérien. Ainsi, pour le bouquet final, l'Opéra national de Chine offrira une performance panoramique, en présentant une chorale mixte d'une quarantaine de choristes. Des «tribulations» de Chinois en Algérie emmenés par une pianiste de 21 ans, Mélodie Zhao, une virtuose à la fougue pianistique qui joue plus vite que la musique, deux soprano, Wang Qingsshuang et Yao Hong et un ténor, Li Shuang, un grand chanteur lyrique qui n'a rien à envier aux Italiens. Au menu, de la prestation chinoise figurait du Verdi , Puccini, et du chant folklorique. Sous le signe de l'amitié sino-algérienne, le public a été gratifié d'une belle reprise chorale de Ghomari, avec la participation de trois jeunes percussionnistes algériens au bendir et de Sofiane Frendi (derbouka et karkabou). Ce n'était pas du «taiwan» (toc). Mais du «Made in China». Du premier choix. «Xe xie» ! Merci !