L'année 2017 s'annonce riche en événements à Souk Ahras, où l'ambiance est déjà aux couleurs d'une précampagne électorale. Des alliances et des ruptures entre chapelles partisanes, mais aussi entre tribus, groupes sociaux, régions et corporations sont perceptibles depuis des mois, et l'on est tenté de croire que cette course pour des sièges aux différentes assemblées, notamment l'APN, ne sera pas dopée avec l'eau du robinet. Les rencontres festives, les rendez- vous élargis aux partisans et autres sympathisants des candidats, qui sont presque tous connus, les services rendus, les cadeaux et les gestes d'amabilité à l'adresse des groupes ou individus influents, sont annonciateurs de couleurs d'élections. Dans le secteur de l'agriculture, son premier responsable, en l'occurrence M. Mansouri, n'a pas manqué de rappeler récemment que la wilaya regorge d'atouts pour booster les différentes filières, dont celles du lait, des légumes secs et des fruits. Rien que pour les cerisiers, il estime à 382 hectares l'espace réservé à la plantation de plusieurs milliers d'arbres de ce fruit. «La wilaya de Souk Ahras va inéluctablement vers une meilleure gestion de ses potentialités agricoles», a-t-il indiqué. Une main-d'œuvre y est demandée avec insistance. Soit. Qu'en sera-t-il des services de l'inspection du travail et des contrôleurs de la CNAS, pointés du doigt à cause de leur hibernation ? La lutte contre la prolifération des bidonvilles au chef-lieu de la wilaya et à Sedrata a dépassé l'étape des grandes réticences, et ce sont quatre hectares squattés par des indus occupants que les pouvoirs publics viennent de récupérer en plein cœur de Souk Ahras. Cet esprit offensif sera perpétué l'année prochaine, croit-on savoir auprès d'une source administrative. Idem pour au moins 1000 logements de fonction occupés illégalement dans les secteurs de la santé, l'agriculture, la jeunesse et les sports, l'éducation… Et pour éviter tout excès ou spéculation, le wali a déjà fait la part des choses à travers sa dernière déclaration. «Les personnes étrangères à ces secteurs, les retraités ayant bénéficié d'un logement et tous les autres employés qui ne peuvent justifier leur relation avec lesdits logements auront à libérer les lieux (…) les sans-logement seront momentanément épargnés par cette mesure et relogés», a-t-il affirmé. La déliquescence du pouvoir d'achat, compliquée davantage par l'absence de projets de germanisation de ces contingents de jeunes temporaires, embauchés depuis des années dans le cadre des différentes formules du préemploi, filet social et autres, sera ressentie avec l'actualisation des nouvelles taxes. Si le taux de chômage, qui n'exclut pas cette catégorie vulnérable de travailleurs, oscille à Souk Ahras entre 7 et 9 %, force est de constater que les secteurs pourvoyeurs d'emplois se comptent sur les doigts d'un manchot et que le malaise dans le marché du travail a ouvert grandes les portes de la corruption. SITUATIONS CONFLICTUELLES La protesta, qui a changé de cap pour s'installer définitivement dans les secteurs de la Fonction publique au lieu des communes de la périphérie, a donné naissance à des situations de ni guerre ni paix, aussi fatales que préjudiciables pour la gestion des affaires de la wilaya. La direction des impôts, l'ONA (Office national d'assainissement), le CET (Centre d'enfouissement technique) en sont des exemples édifiants. La célérité avec laquelle a été condamné et ensuite remplacé l'ex-maire de Mechroha, n'est pas encore de rigueur chez les autres édiles communaux de la wilaya, où l'on compte un P/APC qui ne répond aux convocations de la justice que sous haute escorte et insistance des émissaires. Point de procès ni de condamnation pour celui qui charrie plus de 13 affaires depuis une décennie. Les changements à la tête des daïras et des directions sont frappés de la même logique. Les membres de l'exécutif maintenus à titre décoratif, on en compte au moins trois. Lors d'une rencontre partisane, Sonia Kadri, gérante d'un projet d'investissement privé, a déclaré ceci : «Des millions de pèlerins n'attendent qu'un circuit fiable pour visiter l'antique Thagaste et se ressourcer sur les traces de Saint-Augustin, or nous constatons que ces potentiels visiteurs de notre wilaya n'ont fait l'objet d'aucun effort pour les inviter à fouler cette terre d'art et d'histoire.» A l'université, les étudiants ont encore soif, l'étanchéité des bâtisses laisse à désirer et des commerces sont improvisés à l'intérieur des campus. On y vend même du narguilé avec accessoires. Le secteur de la santé, après une «sage» résignation de fournir compétences et matériel médical aux cliniques privées, on y refuse d'actionner les scanners sous peine de subir les foudres du pouvoir parallèle. Ce dernier, omniprésent, veille à l'exécution de scénarios et allie une partie de l'officiel au monde virtuel.