Malgré la participation de son parti aux législatives prochaines, Louisa Hanoune admet qu'il n'y a pas de garantie pour que le choix des électeurs soit respecté. Dans son discours prononcé hier à Es Sénia (salle omnisports) à Oran, elle a fait référence aux marches populaires de contestation organisées dans pratiquement tous les pays européens pour, dit-elle, «condamner et punir les gouvernements et les partis qui ont spolié leurs choix». Là, on est supposé être dans des pays avancés démocratiquement et que dire alors de l'Algérie qui est encore loin d'atteindre le niveau des pays développés. C'est sans doute pour cette raison qu'elle déclare : «Nous respectons le choix des électeurs et nous respectons ceux qui appellent à ne pas aller voter car c'est un choix politique.» La représentante du Parti des travailleurs (PT) explique que son discours résolument d'opposition et l'attitude de ceux qui appellent à ne pas aller voter estimant que les conditions ne sont pas réunies pour un scrutin libre versent dans le même sens, celui de dire : «ça suffit ! à un gouvernement et à des partis au pouvoir qui sont en train de remettre en cause le peu d'acquis sociaux qui restent en Algérie.» Pour Louisa Hanoune qui cite en exemple les nouvelles lois du travail et de la santé, la situation est d'autant plus grave que les oligarques sont en train de prendre de plus en plus de place dans les institutions, tandis que le peuple subit les effets d'une austérité imposée. Pis encore, elle dénonce l'argent sale qui s'insère dans la campagne électorale et estime le montant des scandales liés à la corruption à des centaines de milliards. Selon elle, ces affairistes ont besoin de la carte de député pour jouir de l'immunité ou pour bénéficier des marchés publics. «Ce sont eux qui font fuir les électeurs», lance la secrétaire générale du PT en leur opposant les vrais parlementaires qui, selon elle, devront se soucier du sort des travailleurs, des jeunes, des retraités, des petits commerçants, des petits agriculteurs et des personnes aux besoins spécifiques. Le Parti des travailleurs milite pour «la levée de l'immunité parlementaire des élus contrevenants, l'interruption du processus de privatisation et l'annulation des nouvelles taxes qui asphyxient la majorité des citoyens». Les engagements sont nombreux et touchent à tous les aspects de la vie, mais Louisa Hanoune dénonce particulièrement l'Accord signé entre l'Algérie et l'Union européenne qui, selon elle, a «coûté à l'Algérie 700 milliards de dinars en 10 ans, tout en contribuant à détruire le potentiel national de production». Des autres engagements de son parti, elle évoque l'enseignement de la langue amazighe qui «doit être obligatoire dans les 48 wilayas pour concrétiser sur le terrain sa qualité de deuxième langue officielle en formant davantage d'enseignants et de traducteurs». Louisa Hanoune appelle également à libérer les médias publics du monopole du gouvernement et des partis au pouvoir, mais surtout, et c'est un fait rare chez les partis politiques, de parler de culture, «libérer la culture de la main de la maffia, car cela représente le ciment de la nation». Djamel Benachou