Aïssa Djouamaâ, l'enfant prodige de Souk Ahras, vient de réussir un autre coup d'éclat à l'occasion du Festival du court métrage de Madagascar. Un Prix pour la meilleure interprétation masculine, tant mérité par l'acteur, Tarek Atrous, pour le rôle principal tenu dans Un homme, deux théâtres. L'œuvre proposée pour la compétition a ravivé la rage de bien faire chez ce jeune réalisateur, peu ou prou déclassé à l'occasion de quelques festivals locaux, à l'instar du Festival du film méditerranéen de Annaba. Le Zébu d'or, décerné par le jury à un acteur des plus talentueux à l'échelle nationale, est annonciateur d'une nouvelle lancée vers une affirmation certaine de cette jeune équipe, qui compte investir le septième art avec seulement une volonté et des idées novatrices puisées dans les textes didactiques d'une formation académique où Djouamaâ a pu synthétiser l'essentiel pour le remodeler, ensuite, à sa manière. Sa touche est déjà présente dans cette œuvre, et bien avant, à travers le choix de ses acteurs, dont le lauréat précité. Tarek Atrous porte en lui cette verve de jeune rêveur, mais pondéré, qui sait faire adulte quand la situation l'impose, pour se montrer juvénile par texte interposé. Il est à la fois pensif et jovial, fougueux et réservé au point que l'on ne sait s'il veut rire ou juste impressionner. Un homme, deux théâtres est une errance ponctuée de heurts et de rancœurs d'un jeune épris de planches et de bonnes paroles, qui se cherche vainement, une voie au beau milieu d'une société affaiblie par l'inertie intellectuelle, amoindrie dans sa dimension culturelle et rongée par l'amour du lucre, qui n' y voit que décor et bouffonnerie. Tiraillé entre ses rêves et les contraintes de tous les jours, Tarek (c'est aussi le prénom du protagoniste du film) aura à lutter pour son idéal sans jamais douter de ses convictions ni faire signe d'effondrement, malgré les situations qu'il aura à vivre. Coréalisée avec Rabah Slimani, l'œuvre a su réunir plusieurs noms, dont Seif Eddine Limami (musique), Fatma Gherseli (décor), Felipe Martinez (étalonnage) et bien d'autres. «Cette consécration va paver le chemin devant d'autres acteurs de l'envergure de Tarek Atrous – et ils sont nombreux – pour qu'ils s'impliquent davantage dans la chose cinématographique, et c'est aussi une preuve tangible qui vient confirmer que tout travail sérieux finit toujours par se distinguer et c'est tant mieux pour le cinéma algérien», a déclaré à El Watan Aïssa Djouamaâ.