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Le Rif dans le cœur
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Publié dans El Watan le 14 - 06 - 2017


par Brahim Tazaghart
Militant du mouvement amazigh, écrivain
Les événements du Rif ne peuvent nous laisser indifférents, sans réaction, non seulement en tant que militants du mouvement amazigh et démocratique algérien, mais aussi en tant que nord-africains soucieux de la stabilité de notre région et de son avenir.
Ne dit-on pas que lorsqu'une partie du corps est malade, c'est tout le corps qui souffre avec ? C'est le cas avec ce qui se passe dans le Rif depuis la mort de Mouhcine Fikri, écrasé par un camion alors qu'il tentait de récupérer sa marchandise confisquée qui l'aidait à faire vivre sa famille. La douleur n'est pas que rifaine, marocaine, elle aussi nord-africaine.

Un destin commun
Indéniablement, l'instabilité d'un pays du Maghreb, la souffrance de son peuple ne peuvent pas être sans conséquences sur ses voisins. C'est toujours une source de préoccupation, d'inquiétude et de menace.
Ce qui se passe en Libye met en danger toute la région. Les armes en circulation, les groupes armés qui se constituent, les zones de non-droit qui se forment, les puissances étrangères en compétition pour mettre la main sur ses richesses finiront par peser lourdement sur la sécurité de l'Afrique du Nord et du Sahel. Les camps terroristes d'entraînement bombardés le vendredi 26 mai par l'armée égyptienne ne sont que des spécimens de la structuration du chaos sur cette terre de Tamazgha.
Le statu quo, le semblant de répit qui se dessine n'est qu'un leurre. En effet, avec l'incapacité des forces dites «révolutionnaires» à s'entendre sur un projet de refondation de l'Etat libyen, la libération de Seïf Al Islam El Gueddafi compliquera davantage la situation. Des jours plus douloureux sont aux portes du pays. Dans ce contexte, il suffit que la Syrie tombe entre les mains d'Al Nosra et autres groupes d'opposition au pouvoir de Bachar Al Assad pour voir les combattants professionnels qui la peuplent chercher un autre territoire d'exercice.
Avec une Libye chaotique, l'odeur de la guerre, comme l'odeur du sang qui attire les requins, va capter le maximum de djihadistes fabriqués par une mondialisation qui a déshumanisé les êtres en installant le chaos sur tous les continents. A ce risque imminent, il ne faut pas oublier que l'aggravation de la situation dans le Sahel est la conséquence directe de ce drame qui se prolonge.

Vision globale
Le sort commun des pays du Maghreb est une vérité irréfutable que personne ne peut nier. Pour cette raison, elle doit nous suggérer une vision globale, stratégique qui guidera nos réflexions et nos actions actuelles et à venir concernant l'analyse et la gestion des événements qui ne manqueront pas de surgir dans notre région.
A cet effet, nous devrons impérativement rompre avec les positions impensées, fragmentaires et sans perspectives qui consistent à réagir au lieu d'agir, à jeter, à chaque fois, de l'huile sur le feu sans anticiper sur les conséquences de nos actes. Appeler, par exemple, à la protection de telle ou telle autre région en mouvement par «les casques bleus» relève de la déchéance politique qui tranche fondamentalement avec l'esprit et la culture du mouvement amazigh.
L'objectif de toute action de soutien n'est pas de paraître, mais d'être !
Etre solidaire avec le Rif, le M'zab, l'Azawad ou la Kabylie doit être un sentiment et un acte généreux qui ambitionne avant tout la recherche des solutions les meilleures aux problèmes qui se posent d'un côté ou de l'autre des frontières de nos pays. Pour ce faire, l'autonomie vis-à-vis des pouvoirs en place et des officines étrangères est indispensable. A l'exigence de solidarité doit s'articuler l'exigence de vérité : avec des mouvements faibles, sans visions, cloisonnés et renfermés sur eux-mêmes comme la majorité de ceux qui existent actuellement, les dynamiques n'ont pas de chance de se fructifier. Les militants, face à leur incapacité à faire évoluer les choses, car orphelins de stratégie, guidés par la vision tribale qui a toujours laminé les fondements de notre cohésion depuis - essentiellement - la chute des Almohades, finiront tôt au tard par structurer le désespoir et cheminer sur les voies de la destruction.
C'est un effort d'anticipation dont nos mouvements ont besoin pour mieux conduire la lutte et éviter les pièges sournois. C'est pour le bien des populations que les mouvements se mettent en action et non pas pour les balancer sur les chemins des exils. Les animateurs du mouvement du Rif le savent très bien.
Solidarité effective
Le monde dans lequel nous vivons n'est pas seulement en crise, il passe carrément à une autre période de son histoire. Le règne de la technologie et de la finance nous place loin derrière les faiseurs de l'histoire, au sens de la capacité concrète à agir sur le réel. «Le non-sens» qui s'installe, le «recul de l'éthique», de «la morale», «la banalisation des crimes et des injustices» qui envahissent les espaces communs annoncent les coups bas et les arrogances à venir. Face à cette situation très complexe, l'improvisation et l'irresponsabilité sont inacceptables puisque leurs retombées seront désastreuses vu nos statuts d'Etats et de peuples faibles. A cet effet, la raison nous dicte de nous adapter au lieu nous complaire dans notre conservatisme, nos colères noires et notre incapacité à imaginer des projets à long terme.
Rompre avec la mentalité du gladiateur, de «Spartacus» qui a fini par être pendu et ses troupes tombées dans l'esclavage est impératif. Nous ne sommes pas que des guerriers, nous sommes aussi, comme tous les autres peuples, des bâtisseurs. L'historique rassemblement du MCB devant l'APN le 25 janvier 1990, comme les manifestations très organisées du mouvement rifain sont des preuves manifestes.
Dans ce sens, l'urgence est de se soustraire à la tactique et à la ruse qui ont marqué la construction des Etats nord-africains après les indépendances pour se placer dans l'âge de la maturité. Plus d'un demi-siècle après les indépendances, le moment est venu de regarder le monde autrement que comme des peuples frustrés par une nuit coloniale qui a aggravé les conditions de la faiblesse et de la fragilité de nos peuples.
Responsabilités historiques
Dans cette perspective, le mouvement amazigh a des responsabilités historiques à assumer, essentiellement :
- celle de la refondation démocratique des Etats-nations pour mieux les consolider ;
- celle de la recherche des convergences et de la cohésion qui feront de notre région un acteur respectable sur la scène internationale.
Il s'agit ni plus ni moins que d'avoir de l'ambition pour le sous-continent nord-africain. Une ambition légitime, nécessaire pour vivre, et à la limite, survivre dans un monde façonné par des rapports de force brutaux, à la limite cruels.
Nous sommes tous les enfants de Tamazgha avec ses amazighonones et ses arabophones, avec ses Etats et ses régions qui doivent cheminer vers plus de démocratie et de droits.
Et, contrairement aux affirmations des adeptes du statu quo, des voix subtiles du chaos programmé, Tamazight est la matrice de l'intégration nord-africaine, le ciment de l'unité des pays et des peuples de la région et non pas une source de la fitna ! Depuis longtemps déjà, le mouvement amazigh a pris conscience qu'après l'instrumentalisation de l'islam pour répandre le chaos et le désordre, l'identité amazighe, toujours marginalisée, n'est pas loin des calculs de ceux qui veulent maintenir nos pays dans leurs faiblesses pour mieux les asservir. Devant ces vérités, que font les pouvoirs en place pour renforcer Tamazight comme facteur d'intégration et de consolidation de la cohésion des peuples et des nations de la région ? Pas grand-chose !
En effet, il est fort regrettable qu'au lieu d'investir dans cette dimension qui structure la mentalité de nos peuples, qui nourrit sa culture de résistance marquée par le terrible choc avec Rome, qui nous distingue des autres peuples du monde, les tenants du pouvoir persistent dans leur inadvertance, leurs manœuvres pour stopper son développement et son rayonnement. Par quoi expliquer le fait que malgré les évolutions enregistrées par le mouvement amazigh, ses efforts constants pour le renforcement de la citoyenneté et de la pluralité, les forces rétrogrades, qui restent dominantes dans les institutions des Etats, bloquent toutes les transformations significatives et piègent l'avenir des futures générations, sinon par la voracité, l'inconscience et l'incompétence avérée !
D'ailleurs, il est utile de remarquer que malgré les événements de 2011 et la vague du «printemps dit arabe» qui a fait trembler tous les Etats de la rive sud de la Méditerranée, ce qui a provoqué des tentatives de leur adaptation aux exigences da la démocratie en ce qui concerne l'Algérie et le Maroc, la nature des régimes est restée inchangée. Il a suffi d'une simple accalmie, conséquence de l'échec «temporaire» des promoteurs des «révoltes arabes» de venir à bout du pouvoir syrien, pour qu'ils reprennent langue avec leurs pratiques autoritaires et leurs suffisances, oublieux que tous les protecteurs qui ont entouré Zine Al Abidine Ben Ali n'ont pas empêché sa chute, sinon qu'ils l'on provoqué !
C'est dans ce sens que les pouvoirs en place sont des sources de menaces pour la stabilité des pays de l'Afrique du Nord. Leurs immobilismes, leurs penchants pour la ruse sont inquiétants. Au lieu de penser les menaces sur leurs pays comme des occasions de se ressaisir, de se réconcilier avec leurs peuples en leur tenant un discours de vérité, ils pensent les utiliser comme des chantages. Or, les peuples, écrasés par leurs soucis, n'ont rien à perdre ! C'est ce qui échappe aux conseillers du roi et des présidents. A cet effet, ce n'est pas aux mouvements sociaux de rester cloîtrés en attendant Godot, mais c'est aux gouvernements de répondre à leurs revendications et de les satisfaire autant que possible. Dans cet esprit, c'est à eux de changer radicalement leurs méthodes de gouvernance en se rapprochant de la société et en reconnaissant ses élites les plus crédibles.
Autoritarisme dans la gestion de la crise
L'attitude autoritaire du pouvoir marocain, son approche répressive dans la gestion des événements d'Al Hoceïma et de sa région est la preuve tangible que la mémoire des régimes autoritaires est très courte. Au lieu de s'attaquer aux racines de la crise, d'arrêter un diagnostic juste des frustrations et des colères qui couvent au sein de la population du Rif, la répression physique et morale à été privilégiée, avec procès d'intention et accusations à odeur de déjà entendu !
Or, tout le monde sait que la répression nourrit la crise au lieu de la solutionner ; qu'elle ne peut qu'aggraver la situation et provoquer des dérapages que personne - gouvernement et mouvements sociaux - ne peut contrôler ! Ajouter qu'une révolte écrasée par la violence reviendra tôt au tard, et le feu s'allumera de nouveau et à tout instant et plus fort encore.

Libération des détenus
Face aux arrestations et aux violences contre les manifestants, nous sommes appelés à exprimer :
- Notre entière solidarité avec les animateurs du mouvement et la population du Rif.
- Notre admiration face à la solidarité des autres villes et régions du Maroc avec ce mouvement populaire.
- Notre dénonciation de la violence physique, de la basse propagande comme mode de gestion des problèmes politiques.
Aussi,
- Nous appelons les animateurs du mouvement à veiller au caractère pacifique du mouvement, à ne pas répondre aux provocations et ne pas tomber dans le piège de la violence.
D'un autre côté, nous rappelons au pouvoir marocain son devoir de prendre des initiatives politiques fortes pour dépasser cette situation qui a trop duré à travers :
- Une approche politique basée sur le dialogue et l'inclusion de toutes les parties concernées.
- L'arrêt de toutes les atteintes aux libertés démocratiques, d'expression et de manifestation.
- L'arrêt des poursuites contre les animateurs du mouvement du Rif et la libération inconditionnelle de tous les détenus.
- La satisfaction de la plateforme de revendications du mouvement.


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