Cela fait plus d'une année que j'ai un rendez-vous pour une radiothérapie, mais à chaque fois que je me présente pour contester le retard, on me demande de patienter», se plaint un septuagénaire atteint d'un cancer, rencontré au centre anti-cancer de l'hôpital Frantz Fanon de Blida. Un autre parent de patient dénonce : «Je viens de Djelfa. On m'a dit de repartir et de revenir un autre jour parce que le médecin ne va pas venir. Mais heureusement que je suis resté quand même car le médecin est venu ; toutefois, avec deux heures de retard.» On devine à qui profite l'éloignement des malades programmées pour une radiothérapie au niveau du centre en question. Ce ne sont là que quelques cas parmi beaucoup d'autres. La salle d'attente ne désemplit pas. Il y a là une cinquantaine de patients venus très tôt, surtout des gens âgés, mais des jeunes également. Certains traînent un handicap. D'autres sont couchés sur des lits mobiles qu'oriente un parent. Le va-et-vient est incessant : des malades, des blouses blanches dont certains exhibent des lettres, d'autres des fiches. Ils sont presque prioritaires, eux ou ceux qu'ils accompagnent. Les mauvaises habitudes ont la peau dure. On se met en quatre pour l'un, on expédie l'autre. Je demande à un médecin «saisi au vol» pourquoi un malade qui a rendez-vous pour 2016 ne passe pas encore. Elle dissimule son étonnement et demande à consulter son dossier. Quelques minutes plus tard, elle inscrit sur la carte du malade une autre date de rendez-vous : dans un mois. En tout, ce cancéreux aura attendu 24 mois ( !?). On n'est bien loin des trois mois comme délai raisonnable promis par le ministre de la Santé. A notre recherche quant aux causes de cette inhumaine attente, on a droit à un laconique : «Il y a beaucoup de monde.» Un prétexte comme un autre et des vies ballottées au gré d'un arbitraire irascible et indécrottable.