Pas un ministre n'a été détecté à la commémoration du Congrès de la Soummam, contrairement à la circoncision du petit dernier du khou moul el bach, où une foule de ministres s'est précipitée pour les embrassades. Ce qui en dit long sur le rapport à la mémoire, ce Congrès ayant quand même accueilli le grand Larbi Ben M'hidi et transformé, selon les experts, une guérilla en véritable Révolution. La dictature du présent, comme le soulignent les philosophes d'aujourd'hui, conscients qu'il s'agit pour les régimes de briser les référents pour faciliter la gestion des masses. En fait ce n'est pas vrai, il y avait un ministre, d'ailleurs recordman mondial de la brièveté dans le domaine, Messaoud Benagoun, touriste au ministère du Tourisme qui s'est déplacé à Ifri, laissant son patron Benyounès contester sa nomination-dénomination. Pour lui qui n'est pas connu pour son opposition, il ne s'agit pas d'une erreur mais bien d'un acte délibéré de la Présidence. De qui ? Le gérant du MPA n'est pas non plus connu pour son courage et il est peu probable qu'il donne des noms. Mais pour revenir à ces stratégies d'auto-effacement, on aura noté que Le Monde diplomatique, célèbre journal qui tranche avec les médias euro-atlantistes de la sphère médiatico-financière française, a été interdit en Algérie pour son dernier numéro, ce qui ne lui était pas arrivé depuis 20 ans. Pourquoi ? Raison d'Etat assez légère, un article au sujet des années 1990 et de l'effacement de la mémoire par trauma et volonté politique de réconciliation. Rien ne sert d'expliquer aux dirigeants que l'article est déjà disponible sur internet, mais ces actions renvoient toutes à ce problème de conjugaison à la base de l'équation nationale. Des hommes du passé tentent d'effacer le passé en imposant un présent pour faire oublier qu'ils n'ont pas de futur à proposer. Il suffit de voir la mine réjouie du nouveau Premier ministre pour réaliser qu'il est lui-même un verbe du 2e ou 3e groupe. Le 1er étant bien sûr celui de Oujda.