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Réflexions sur leurs revendications
Grève des médecins résidents en sciences médicales
Publié dans El Watan le 23 - 01 - 2018

La grève des résidents, qui était limitée à deux jours cycliques par semaine, est passée à une grève illimitée.
Les revendications dans leur totalité sont justifiées quels que soient les points soulevés, mais sont-elles toutes réalisables ? Cependant, toute grève se doit d'être prise en considération par ceux qui sont à même de répondre aux doléances de la corporation. Il s'agit essentiellement de deux ministères dont ils dépendent directement.
Les résidents sont à la fois nos étudiants par leur statut d'étudiants en médecine de première post-graduation relevant de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ils sont aussi nos jeunes collègues de par leur fonction de médecin. Ne sont-ils pas docteurs en médecine évoluant et exerçant dans les structures hospitalo-universitaires relevant du ministère de la Santé, de la Réforme hospitalière et de la Population. La charge de travail dans tous les services est supportée et assurée d'abord et ou essentiellement par eux dans les gardes, seuls ou en présence de l'assistant de garde présent ou d'astreinte, au niveau des consultations, dans les services d'hospitalisation pour la surveillance des patients, dans les blocs opératoires comme aides indispensables pour la pratique de l'acte par le chirurgien.
Certains DG de nouveaux chu de l'intérieur dans certaines spécialités sans chefs de service de rang magistral dépourvus de résidents n'insistent-ils pas auprès des CPNS pour ériger ces services en terrains de stage sollicitant l'ouverture de postes de résidanat et l' affectation des résidents jugés indispensable pour le fonctionnement de ces services ? Cette corporation a été reçue à trois reprises par le ministre de la Santé. La première rencontre s'est déroulée dans une ambiance conviviale des plus chaleureuses et très touchantes par un professeur chef de service qui avait fait de la formation de ses résidents son cheval de bataille pendant sa chefferie au service d'Orl et ccf et en sa qualité d'enseignant au sein du CPRS d'orl.
Et c'est par une belle métaphore qu'il leur a assuré de prendre en charge leurs revendications ; il est bien entendu que certaines dépendent de son secteur, d'autres de l'enseignement supérieur dont lui-même est issu et auquel il reste très attaché. La deuxième rencontre a eu lieu quatre semaines après. Elle fut de courte durée sans aucune avancée. La marche prévue à Alger fut empêchée et des milliers de résidents furent bloqués et empêchés de sortir de l'hôpital Mustapha. L'intervention musclée et leur matraquage par les éléments des forces de l'ordre ayant fait plusieurs blessés a envenimé la situation, durci et radicalisé le mouvement. Une marche historique a été organisée à Oran.
Elle a drainé entre 12 à 15 000 praticiens majoritairement résidents et rejoints par les autres praticiens tous corps confondus. Une troisième réunion a permis de discuter sereinement et en toute franchise de tous les points de la plateforme de revendications. Un point relevant directement du ministère de la Santé ayant trait aux œuvres sociales des hôpitaux fut acquis. Pour les autres points relevant d'autres institutions, ils ne pouvaient être solutionnés lors de cette réunion où le dialogue était empreint de vérité et de réalité.
Mais était-ce suffisant pour arrêter la grève ? En effet, la plateforme de revendications relève et implique obligatoirement d'autres institutions concernées par la grève à des degrés divers et qui doivent être partie prenante dans le dialogue. En premier lieu, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique dont dépend essentiellement ce corps hospitalo-universitaire de première post-graduation.
N'est-ce pas que leur cursus et les examens nationaux sanctionnant les diplômes de spécialistes dépendent des enseignants universitaires ? La grève de ces examens nationaux en fait partie. Les deux ministres de tutelle directement concernés se doivent d'être les défenseurs et les porte-parole auprès d'autres institutions pour faire aboutir leurs revendications. En effet, on pourrait citer le ministère des Finances pour le volet pécuniaire (la bourse de stage, l'indemnité d'hébergement, la révision de salaire) ; le ministère de l'Habitat et la Fonction publique. Quant au service civil et le service militaire, ils relèvent de textes de loi à débattre auprès de l'Exécutif et des très hautes instances.
Parallèlement, le Snechu a organisé une journée de protestation et de solidarité à travers une marche dans les allées de l'hôpital Mustapha regroupant des centaines de blouses blanches. Malgré l'existence de textes régissant le statut du résident et leur mise en application sur le terrain et même si pendant des années les médecins résidents que nous étions et résidents que nous formons n'ont jamais démérité. Plusieurs contraintes dues à maints facteurs ont atteint leurs limites : le niveau de formation dans tous ses aspects, si ce n'est théorique mais essentiellement pratique dans les hôpitaux ; au sein des facultés de médecine, absence de laboratoire de dissection ; au sein des services hospitalo-universitaires, insuffisance ou absence des équipements et instruments ayant évidemment la vocation de soins et de formation.
Ces deux points se doivent d'être impérativement pris en considération et concernent l'un exclusivement le ministère de l'Enseignement supérieur et la mise à niveau des services et le ministère de la Santé. Chaque année, plus de 2000 résidents viennent renforcer les 10 000 résidents affectés dans les différents services relevant de la douzaine de facultés de médecine du territoire national et ce sont des centaines de médecins résidents qui exercent leur métier dans un espace où toute possibilité d'hébergement est impossible quand bien même certains hôpitaux avaient par le passé réservé «une résidence pour leurs propres résidents», c'était le cas de l'hôpital de Nafissa Hamoud, ex-Parnet, où une résidence fut inaugurée par le ministre de tutelle de l'époque et attribuée aux résidents des différentes spécialités. Le résident, censé être le centre d'intérêt des deux ministères, ne se retrouve pas dans cette dichotomie où le plus souvent il ne sait à quel saint se vouer. En outre, il ne peut pas bénéficier d'une chambre dans une cité universitaire.
«Tu n'es plus étudiant, lui rétorque-t-on, tu ne peux prétendre être hébergé à l'hôpital». Ce ne sont pas les arguments qui manquent. Aucun texte n'existe pour obliger les responsables administratifs à répondre aux demandes des résidents et si un internat existe, les autres corps de la santé sont demandeurs et tellement nombreux, c'est le cas du chu Béni Messous où quelques logements d'astreinte sont tous occupés ; c'est sans doute le cas des autres Chu d'Alger et j'imagine les autres chu de tout le territoire national. Le résident doit bénéficier d'un hébergement dans une résidence universitaire à proximité de son lieu de travail ou d'une chambre d'internat. Si aucun de ces deux cas de figure n'est possible, la prime d'hébergement peut être une proposition à envisager.
Quant aux bourses de stage, il est désolant que le résident ne bénéficie d'aucun stage à l'étranger pendant son cursus de résidanat de la part de notre tutelle alors que, paradoxalement, des universités étrangères accordent des bourses d'une année sous réserve que le choix des résidents ayant déposé leur dossier au sein du décanat soit procédé par leur propre jury en présence des responsables dont le seul rôle est de préparer les dossiers et d'assister passivement à la sélection.
Que nous réfléchissions pour accorder à tout un chacun une bourse de stage de courte durée dont la durée et le nombre pendant le cursus restent à déterminer. Que nous accordions des stages de dissection sur cadavre sachant que les laboratoires de dissection (sur cadavre) sont fermés depuis plus de 40 ans et que pour tout spécialiste en chirurgie la dissection sur cadavre est une nécessité avant toute pratique sur un vivant.
Que l'exemple de cours pratiques de dissection pour les services relevant du CPRS centre d'Orl soit cité sans prétention aucune. Un stage pour les résidents de quatrième année pendant tout le cursus est organisé au laboratoire d'anatomie de l'université de Tours (au total cinq éditions) soit officialisé et généralisé. Les résidents relevant de la première post-graduation des autres spécialités médicales et des autres départements de pharmacie et de médecine dentaire doivent bénéficier au même titre que ceux de la deuxième post-graduation relevant du même ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Que le budget de la formation et de la recherche bénéficie à ces futurs enseignants et futurs chercheurs qui sont déjà impliqués par leur participation aussi bien dans la prise en charge des soins et la recherche clinique qui en découle que par l'encadrement dans l'enseignement des étudiants en graduation. Que nos jeunes résidents qui se retrouvent dans une situation ambivalente et qui ne savent où se situer par rapport à un ministère ou un autre et qui ne savent pas si leurs droits dépendent de l'un ou dans l'autre se doivent d'être réconfortés et rassurés. Que chaque ministère définisse les prérogatives dont il a la charge et qui sont assez faciles à évaluer pour mettre à niveau les conditions d'exercice et de formation dans les structures relevant des compétences des uns et des autres.
En tenant compte des contraintes liées aux insuffisances de moyens et au niveau de formation, une structure dûment dédiée à l'évaluation se doit d'être créée au sein d'une commission de coordination hospitalo-universitaire à composition mixte issue des deux ministères intiment liés par les soins, l'enseignement et la recherche. Par ailleurs, nous devons prendre les mesures qui s'imposent afin d'éviter l'exode massif de nos praticiens vers l'étranger, plus particulièrement en France. Pour rappel, 3500 médecins algériens se sont inscrits au concours «des épreuves de vérification des connaissances» pour l'année 2017 qui leur permet d'exercer pleinement leur profession.
La défection d'un très grand nombre due au refus de visa a limité en partie le nombre de candidats de plus de la moitié, «immigration très sélective oblige». Mais nous retenons le chiffre effarant de 500 praticiens algériens admis dans plusieurs spécialités, dont un nombre élevé en anesthésie-réanimation. Cette exportation gratuite de nos cerveaux (entre 10 000 à 15 000 tous corps de la santé confondus) a coûté très cher à notre pays et profite à la France.
Cette réussite défie toute logique de remise en cause du niveau des connaissances acquises par les praticiens algériens ayant étudié et ayant été formés dans nos facultés de médecine et nos centres hospitalo-universitaires. N'est-ce pas que la pédagogie de nos enseignants a un tant soit peu contribué à cette réussite sans démagogie aucune ? L'autre volet, une fois devenus spécialistes, les modalités d'exercice relèvent en grande partie certes dudit ministère, mais sont régies par les lois de la République.
Si la loi du service civil se doit d'être révisée aussi bien dans la forme que dans le fond, les modalités auraient pu éviter les déboires et les conséquences dramatiques telles que vécues par certains collègues esseulés et isolés sans aucune aide et sans pouvoir être secondés ou remplacés par l'administration locale. Que le drame vécu par les familles à des degrés divers, sans comparaison aucune, entre perdre des êtres chers et l'incarcération d'une praticienne, épouse et mère de famille n'y prête aucune confusion et aurait pu être évité.
L'exemple à prendre est celui des missions médicales étrangères qui travaillent en équipe multidisciplinaire dans notre pays. Ne pouvons-nous pas faire de même afin de pallier cette situation d'isolement, aux longs trajets dus à l'éloignement, aux va-et-vient incessants des déplacements, au déchirement de la séparation d'une mère d'avec ses enfants, d'une épouse de son mari, d'éviter les cauchemars des longues nuits de solitude, de l'épuisement (burn out), de l'astreinte sans fin, le stress et l'angoisse de la responsabilité de prise de décision médicale individuelle à la peur de l'erreur médicale. Cette erreur pouvant être considérée comme une faute et jugée en tant que telle par un juge appliquant la loi en fonction des éléments contenus dans un dossier.
Et on demandera au spécialiste angoissé par l'attente avant la proclamation de la sentence : «Vous étiez-vous entouré de toutes les obligations de moyens quand vous êtes intervenu ? Et êtes-vous compétent pour pratiquer cet acte ?». quelle que soit la bonne volonté du Conseil de l'Ordre ou du syndicat de la corporation , le juge, après une étude exhaustive, est seul à prononcer la sentence.
Que ce service civil prenne une autre forme, sans vouloir donner de leçons de suppression ou de réaménagement. Tel quel, il n'a pas sa raison d'être, il ne peut répondre à la demande des citoyens des régions éloignées du pays qui ont besoin eux aussi du même niveau de soins des citoyens du Nord et bien entendu qui demandent à être amélioré et qui constitue l'une des revendications cardinales de nos résidents. Tout en étant respectueux des lois du pays, leurs revendications vis-à-vis du service civil et du service national, c'est de jouir de leur droit au même titre que les autres citoyens du pays.
Que nos résidents qui sont l'élite parmi l'élite estudiantine dans nos universités et qui constituent la force vive et la cheville ouvrière dans toutes les spécialités dans toutes les structures hospitalo-universitaires et les futurs spécialistes prenant la destinée de la santé publique seront les cadres prenant en charge la santé de la population et l'enseignement et la recherche scientifique. Leur prise de conscience et leur sagesse dont ils font et feront preuve sont les gages de leur avenir, de la qualité de prise en charge de nos patients et de l'avenir de notre pays.

Par Omar Zemirli
Chef du service ORL à l'hôpital de Beni Messous


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