Photo : Fouad S. L'opération de déblaiement lancée dimanche après l'éradication des bidonvilles s'est poursuivie hier au niveau des différents sites d'Alger. Sur la route reliant les Dunes à Staouéli, toutes les habitations précaires ont été démolies par les services d'assainissement de la wilaya d'Alger. Ici, seuls quelques enfants ont investi les lieux. Les raisons : dénicher les matériaux délaissés la veille par les déménageurs. En effet, les quelques madriers, les piliers, les tuiles de toit ainsi que les barreaudages abandonnés sur les lieux constituent une aubaine pour eux. Ils font leur collecte qu'ils déchargent dans une brouette ou dans un véhicule de fortune avant de les remettre à leurs destinataires. Selon Mouncef, 13 ans, les madriers valent au minimum 500 DA l'unité. Pour le pilier en forme de «H», il est très demandé par les constructeurs. «J'ai un acquéreur pour 2000 DA l'unité», dira-t-il. Et d'ajouter : «Si j'arrive à collecter une bonne quantité, cela me permettrait de ramasser une bonne somme d'argent». Pour sa part, Mohamed, 17 ans, est le plus chanceux. Il a pu mettre la main sur une porte en fer forgé. «Je pourrai la céder pour la bagatelle de 10 000 DA», s'est-il réjoui. Issus du même quartier, ses camarades ne reculent devant rien. A quelques mètres du site, Réda leur fait un signe de la main. Il a trouvé des tuiles rouges qui n'ont pas été abîmées lors de la démolition. «Mon voisin construit une bâtisse individuelle, je lui proposerai de les acheter en contrepartie d'une somme raisonnable», a précisé ce négociateur en herbe. C'est dire que ce chantier s'est transformé en un véritable site de chasse au trésor où chacun y trouve son compte. Mourad est le plus jeune d'entre eux. À défaut de trouver une occupation pour ses vacances, il s'est rendu sur le lieu aussitôt que le relogement des familles ait été effectué. Rencontré sur place, il traînait de toutes ses forces une grosse barre de fer. Il ne voudra pas s'attarder sur l'utilité de sa découverte. «J'en ferai bon usage», dira-t-il sur un air taquin. Dans la matinée d'hier, quelques anciens habitants étaient revenus sur les lieux pour jeter un dernier coup d'œil sur leur ancien quartier. Bien que satisfaits de leurs nouvelles habitations, ces derniers éprouvaient un sentiment de regret, voire de nostalgie. Leurs anciennes demeures ont été réduites en ruines. Ne sachant ce que va devenir ce lieu, certains précisent que «c'est une zone d'Etat, rien n'a été prévu pour l'instant». Au niveau du site de Boucahoui, seule la petite mosquée «El Badr» n'a pas encore été démolie. Et pourtant, un agent rencontré sur place nous dira : «Elle a été laissée en dernier puisque le site est une propriété de l'Etat».