La situation dans laquelle se trouvent les lycéens de la localité d'El Hamiz pèse lourdement sur le bon déroulement de leur cursus scolaire. « L'éloignement nous oblige à nous lever tôt et à rentrer tard le soir à la maison, ce qui influe négativement sur notre scolarité. Avec toute notre bonne volonté, on peine à décrocher de notes moyennes. Cela en plus des dangers auxquels on fait face au quotidien », explique Kamel, élève en 1re AS au lycée de Mohammadia. Son copain, Moumène, tout en étant de cet avis, dit craindre pour leur sécurité, en particulier les filles. Le lycée d'El Hamiz, de 1.000 places pédagogiques (20 élèves par classe), a nécessité une enveloppe budgétaire de 43 milliards de centimes. Il est doté de salles de cours, d'une bibliothèque, d'une salle de sport et de six logements de fonction destinés au corps professoral. Il reste inoccupé bien que les travaux soient terminés depuis deux ans. La non-réception du projet par l'Académie est due à l'absence d'une clôture ! La pomme de discorde Lors de l'entame de la construction du lycée, la société chargée des travaux a avait aussitôt signalé le rétrécissement de l'assiette foncière initiale. La cour de récréation, pourtant incluse dans le plan de réalisation, n'existait. Les habitants des baraquements voisins avaient élargi leurs habitions précaires jusqu à rogner sur la surface réservée au lycée. Des citoyens rencontrés sur place estiment que « ces baraques au nombre de 220 ont été érigées depuis 25 ans sur le site devant recevoir le projet du lycée. Le maintien des habitants sur place n'a fait que retarder la réception de l'établissement et pénaliser nos enfants ». La société chargée de la construction du lycée a fini les travaux sans étendre le chantier de 30 m, ce qui aurait permis d'ériger la clôture. Mais cela aurait nécessité la démolition des baraques. L'absence de cette cloison de sécurité a contraint l'Académie à ne pas réceptionner l'ouvrage. « Les autorités de la wilaya d'Alger ont été avisées, mais aucune décision n'a encore été prise. Lors de la dernière visite du wali d'Alger à Rouiba, je l'ai sollicité pour régler ce problème épineux. Un dossier complet avec des photos à l'appui a été déposé au siège de la wilaya contre un récépissé. Depuis, nous attendons », expliquer Elfatimi, membre du comité du quartier d'El Hamiz. « D'autres correspondances ont été envoyées aux responsables du secteur et aux responsables locaux pour mettre fin à une situation préjudiciable pour l'APC puisque celle-ci loue 7 bus pour le transport scolaire pour 10.000 DA par jour », précise notre interlocuteur. Certains habitants ont exprimé leur indignation suite à l'abandon de cette infrastructure de base devenue au fil du temps le repaire des délinquants. « Un lieu de savoir censé former les futurs cadres de la nation est réduit en un lieu de prédilection des jeunes désœuvrés », soutiennent-ils. « La dégradation a touché également les logements de fonction qui ont été dégarnis des installations de plomberie et d'électricité. A ce rythme, une enveloppe conséquente sera nécessaire pour sa réhabilitation », dira le responsable du chantier. Le lycée ne dépend pas de la commune Du côté des autorités locales, la question est tranchée. « Les établissements du secondaire ne dépendent pas de la commune, et c'est aux responsables de l'académie de prendre en charge ce problème qui pénalise les élèves d'El Hamiz », dira Lyès Guemguani, président de l'APC de Dar El Beida. Pour ce qui est de l'éradication des baraques, M. Guemguani affirme que « les listes de 2007 établies dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire sont validées et les responsables des sites connus. D'autres listes sont à établir et concerneront ceux qui n'ont pas été touchés par le premier recensement ou ceux issus de l'éclatement familial. Ils seront traités au cas par cas par les responsables des sites et validés avant d'êtres envoyés à la wilaya », dira notre interlocuteur. La réception et l'ouverture du lycée d'El Hamiz, une véritable bouffée d'oxygène pour les habitants, est très attendue. Contacté, le chef du service réhabilitation et suivi de l'Académie de l'Est est formel. « La récupération et la réception du lycée d'El Hamiz est une question de jours. Nous ne pouvons nous soustraire à cette responsabilité et négliger une structure finalisée et pour laquelle des deniers publics ont été dépensés. » Pour notre interlocuteur, « le lycée se fera avec ou sans relogement des habitants du bidonville mitoyen au lycée ».