Lors d'une rencontre, jeudi dernier, avec les professionnels de la musique, à la bibliothèque nationale El Hamma, la ministre a abordé plusieurs points avec les artistes. Etaient présents Sid Ali Driss, Kara, El Koubi, Rédha Doumaz, Abderrahmane Djalti, Ben Zina, Hassiba Amrouche, Wahiba Mehdi, Si Behloul, Ahmed Serri, Mustapha Sehnoune, Mokhtari, Tayeb, Amel Wahbi, Selwa, Asma Djarmoune, Zakia Mohammed, Hammidou, Brahim Tayeb, Amir Nacer, Salim Fergani, Radia Manel, Kara Torki, Nourredine Saoudi, Hakim Salhi, Sid Ali Halou, fils de El Hadj El Anka. Pour Mme Labidi, les dernières rencontres ont fait ressortir le désir des artistes à travailler dans la transparence, la sécurité et le confort. Dans ce contexte, elle a appelé les organisateurs de spectacles à plus de présence, d'organisation et d'accompagnement des artistes. « Nous comptons sur eux en ce qui concerne l'organisation des concerts », soutient-elle. « Ils doivent faire appel à tous les artistes », ajoute-t-elle. « Le ministère de tutelle veille à la valorisation de la variété, du classique, de la musique andalouse et s'attelle à trouver des mécanismes pour la numérisation des travaux et la conservation de la mémoire », fait-elle savoir. S'adressant aux artistes, la ministre estime qu'« il est temps d'ouvrir un champ à la créativité et à la recherche dans le domaine musical ». Il est également question, selon la même responsable, « d'élaborer et de faire ressortir un plan de travail car la politique de la culture doit se faire avec les artistes concernés ». Dans ce sens, elle suggère de valoriser le métier de ceux qui réparent et raccordent les instruments de musique. Qui sont-ils ? Combien restent -ils ? Que peut-on faire pour les aider et les faire sortir de l'anonymat ?, s'est-elle interrogée. Mme Labidi a ensuite passé la parole aux artistes. Valoriser la formation Fouad Ouamane, chanteur et animateur d'une émission culturelle à l'ENTV, a relevé le problème de la chanson bédouine. Il a été soutenu par Mohammed Laaraf, pour qui ce genre reste la grande absente dans les festivals. Pour sa part, Mohammed Raouane, artiste-compositeur, a essayé de comprendre où se placent les compositeur et quelle place occupent-ils. Selon lui, un autre problème se pose. Celui de la promotion de l'artiste. « Les artistes ne sont plus mis en valeur comme avant ». Concernant la programmation des festivités, Cheb Toufik a demandé sur un ton ironique : « Qui programme les semaines culturelles ? Sur quel critère les artistes qui y participent sont-ils choisis ? Ce sont toujours les mêmes qui reviennent », dira-t-il. « Nous sommes écartés quant à la participation et sommes lésés en termes de cachets et délaissés en fin de carrière », a-t-il déploré. En réponse à ces doléances, Mme Labidi a certifié : « L'égalité des chances constitue le cheval de bataille du ministère qui s'attelle à l'élaboration de la carte professionnelle des artistes notamment quant à leur prise en charge sur le plan de la sécurité sociale et pour que leur travail soit reconnu. » « Nous veillons à la participation régulière de tous les artistes car l'artiste n'est pas un salarié mais vit de son travail », a-t-elle précisé. Selon elle, « l'artiste doit se produire et avoir la possibilité de rencontrer souvent son public ». Evoquant la formation musicale, plusieurs artistes ont soutenu que le niveau s'est détérioré et reste très faible. Pour le chanteur Brahim Tayeb, « il n'y a pas d'annexes qui peuvent recevoir des projets proposés par les artistes ». « Il faut une réorganisation régionale et consacrer ses annexes aux stages et au recyclage »,a-t-il proposé. « La musique est un moyen de développement humain incontestable, c'est pourquoi il faut une démocratisation la plus large possible de l'apprentissage et de la pratique musicale », a notamment rappelé Ammar Azzouz, ex-ministre de la Formation professionnelle et auteur-compositeur de la chanson kabyle. Ainsi, « généraliser l'enseignement musical à l'école, avec un fort coefficient et dans toutes les communes », influerait, selon l'intervenant, sur le niveau et la qualité des postulants aux conservatoires et aux instituts supérieurs où est enseigné cette discipline. Cette « démocratisation de l'éducation et de l'apprentissage » mettrait fin aux structures « fourre-tout », devenues un refuge pour les baccalauréats faibles ! », a ajouté Nour-Edine Saoudi, membre fondateur d'associations algéroises de musique andalouse. Fethi Salah, enseignant au département de musique de l'ENS, a rappelé que négliger la fonction éducative de la musique au seul profit de sa fonction ludique et de divertissement a alimenté des aspects « mercantilistes » fortement décriés par l'assistance. Ainsi et de l'avis de tous, l'éducation musicale ne devrait pas être l'apanage du seul ministère de la Culture mais constituer un lieu de convergences pour différents ministères notamment, de l'Education nationale, l'Enseignement supérieur, la Formation et l'Enseignement professionnels. Pour Mme Selwa, chanteuse, c'est l'hommage et la reconnaissance aux artistes qui ont pris un coup. « Nous ne demandons pas un tapis rouge mais de la considération, du respect », dira cette grande dame. Chanteur-compositeur, Kouider Bouziane, a proposé la réalisation d'une cellule de statistiques pour enregistrer toutes les productions de chaque année. Il a également appelé à la création d'un mécanisme chargé des manifestations artistiques, à l'encouragement et à la diffusion de la production nationale et à la valorisation de la formation musicale. « Il est impératif d'envisager une refonte du conservatoire », dira-t-il. En réponse à ces propositions, la ministre a indiqué : « Pourquoi pas la création d'une académie qui englobe tous les genres musicaux. » « Il faut revaloriser le rôle des associations et celui des promoteurs de spectacles et la gestion du flux des idées proposées », a-t-elle souligné. Présente à cette rencontre, la veuve de Dahmane El Harrachi, a déploré le fait que « sa famille ne perçoit aucune rente des œuvres de son mari et reprises comme Ya Rayah par des stars internationales ». Fouad Ouamane, a enfin appelé l'assistance à observer une minute de silence à la mémoire des martyrs de Ghaza. A la fin de l'assemblée, les participants se sont inscrits massivement sur la liste des participants aux futures conférences nationales par discipline, prévues pour « après le mois de septembre » et dont la préparation démarrera dès le 15 août prochain.