Apparemment, la prison n'est plus cet espace où l'on s'ennuie à mourir entre quatre murs et derrière les portes blindées. Les réformes, enclenchées, depuis quelques années, par la justice, ont rendu le séjour des détenus dans le monde carcéral plus constructif. Apprendre un métier est possible pour celui ou celle qui en exprime le désir. L'administration pénitentiaire se charge des frais d'inscription et de tous les moyens utilisés dans l'apprentissage. Toutes les spécialités de la formation professionnelle sont disponibles au sein des établissements pénitentiaires. Le fruit de cette formation est tangible. Il suffit de visiter le Salon de la main-d'œuvre carcérale qui se tient à la Safex depuis lundi pour se rendre compte de l'exploit réalisé par les détenus. Suivre une formation permet de bénéficier d'avantages auxquels les autres détenus n'ont pas droit. Un salaire, une couverture sociale, une prime, une visite familiale de dix jours, des rencontres avec les proches sans barrières, la grâce présidentielle, autant de privilèges auxquelles ces détenus actifs ouvrent droit. Le salon, qui reflète ce qui se fait au sein des établissements pénitentiaires, regorge de produits artisanaux (tableaux et autres objets de décoration), agricoles (tomate, poivron, concombre, oignon, aubergine, petits pois, fève), apicoles (miel), en bois et en fer (tables, chambre à coucher en bois rouge et en hêtre, portes métalliques, tables de chevet, porte-manteaux), de vêtements dont des tenues pénales, des robes, de la literie, des chaussures en cuir, des ustensiles en aluminium sculptés et de plantes ornementales. Chaque établissement utilise, en effet, les matières premières de la région. Tous les produits sont vendus aux établissements carcéraux par l'intermédiaire de l'Office national des travaux éducatifs et de l'apprentissage (ONTEA) qui est chargé de l'emploi de la main-d'œuvre carcérale dans le cadre de la mise en œuvre des programmes de réinsertion sociale des détenus. A ce titre, il est chargé, entre autres missions, de veiller à la coordination de toute action liée aux travaux éducatifs et d'apprentissage, de procéder à la commercialisation de produits artisanaux ou industriels, d'exploiter les terres agricoles des établissements pénitentiaires et des établissements de milieu ouvert et d'en commercialiser les produits, de conclure les contrats et conventions en relation avec ses activités. Aussi, les produits de la main-d'œuvre carcérale sont notamment vendus dans les salons et expositions organisés en partenariat avec les chambres d'artisanat de chaque wilaya. L'établissement peut commercialiser exceptionnellement sa marchandise aux entreprises publiques et privées, aux particuliers sans passer par l'ONTEA mais après autorisation de celui-ci. Vraisemblablement, les détenus, sinon la majorité d'entre eux, remplissent bien leur temps en interne et en externe. « Cependant, ceux qui activent à l'extérieur doivent répondre à des critères de discipline et de bonne conduite », indique Fakhet Nouari, assistant en rééducation à l'établissement Bouzaoura d'Annaba et qui représente une pépinière qui « s'étend sur 6 ha où l'on cultive six variétés de roses, en plus des oranges et du raisin », a-t-il fait savoir. « Environ 200 à 250 détenus sont en formation théorique et pratique dans ces domaines et 10 travailleurs auxquels on remet un chèque représentant les mensualités à leur sortie de prison », a-t-il précisé. Cet établissement détient un contrat avec l'hôtel Seybouse pour la vente des roses, selon Fakhet. Les revenus sont destinés à « l'achat de la matière première », soutient-il. Il indique qu'il y a « des détenus qui ont créé leur propre pépinière une fois libérés et qui est devenue leur source de revenus ». Pour cela, le service externe de l'administration pénitentiaire chargé de la réinsertion sociale des détenus joue un rôle important en les aidant à bénéficier d'un crédit auprès des différents dispositifs de soutien.