Il s'agit de Chani Mejdoub et Khelladi Mohamed contre lesquels le procureur a requis 20 ans de prison ferme, et Allab Kheir contre qui il a été requis 8 ans de prison, et de la société chinoise CITIC. Leurs avocats se sont relayés, hier, à la barre pour réclamer l'acquittement, mais aussi dénoncer « la violation de la procédure judiciaire ». Me Amine Sidhoum, avocat de Mejdoub Chani, a plaidé durant deux heures « librement » devant le tribunal criminel. Il s'est longuement attaqué à l'autre accusé Mohamed Khelladi qui avait pointé du doigt son client et est allé jusqu'à demander qu'il soit soumis à un examen psychiatrique. L'avocat est revenu sur les déclarations de Khelladi à la barre. « Il dit que c'est lui qui a fait éclater le scandale de l'autoroute Est-Ouest. Est-ce lors d'un voyage avec sa famille à Pékin ? », s'est-il interrogé avec ironie. Me Sidhoum a insisté sur la nécessité de se baser sur des preuves. « Le tribunal se repose sur l'ultime conviction, et non sur des dires. Le dossier est vide, je rejette toutes les accusations, notamment de corruption », dira-t-il, signalant des incohérences et des contradictions dans les déclarations de l'accusé principal. Comme attendu, l'avocat a évoqué les dépassements qui ont marqué la procédure judiciaire, exigeant l'ouverture d'une enquête par le procureur général. En réponse aux avocats qui ont dénoncé la saisine des ONG étrangères par des avocats étrangers de Medjdoub (absents à l'audience), Me Sidhoum a justifié que « le recours à la commission des droits de l'Homme de l'ONU à Genève n'est pas, comme le procureur général l'a laissé entendre, une atteinte à la souveraineté nationale. Mais toutes les portes ont été fermées ». S'adressant au président du tribunal, Tayeb Hellali a demandé au juge « de remettre les pendules à l'heure » et de saisir cette occasion pour graver son nom dans l'histoire en rendant un jugement équitable.C'est à Me Abbès, l'avocat de Mohamed Khelladi, de prendre la parole. Il a rappelé que c'est son client qui a fait éclater le scandale et qu'il en « est fier », précisant qu'il a été auditionné en tant que témoin avant d'être accusé. « Khelladi a maintenu ses déclarations tout au long de la procédure et de l'enquête, mais aujourd'hui, nous exigeons que les véritables accusés dans cette affaire soient poursuivis. Mon client est prêt à communiquer les noms des personnes qui veulent geler le projet de l'autoroute Est-Ouest et il saisit à travers ce tribunal le président de la République pour mettre fin à leurs agissements. » Me Abbès précisera qu'aucune preuve n'existe dans le dossier. « Quand l'affaire a éclaté, le domicile de mon client a fait l'objet d'une perquisition, mais on n'a rien trouvé. De même pour les domiciles loués aux cadres des sociétés étrangères, il n'était qu'un intermédiaire et pas le propriétaire. » En réponse à Me Sidhoum, l'avocat de Mejdoub a soutenu que certains confrères « veulent détourner ce procès pour en faire celui des services de renseignements algériens accusés, selon eux, de dépassements, mais le plus grave est de couvrir un crime économique ». Evoquant les vices de forme, l'avocat a relevé que son client a été entendu comme témoin et auditionné comme accusé et mis sous mandat de dépôt dans la même journée. « Certaines parties voulaient le faire taire », dira-t-il avant de demander son acquittement. La défense d'Allab et celle de la société chinoise se sont succédé à la barre. A l'heure où nous mettons sous presse, les plaidoiries se poursuivent.