L'Aïd El Adha est avant tout un moment de partage et d'union. Les familles algériennes se réveillent tôt le matin pour se rassembler autour d'une table garnie de confiseries et de gâteaux traditionnels. On marque l'événement bien avant de procéder au sacrifice. Achetés ou confectionnés à la maison, les gâteaux sont présents sous toutes les formes et pour tous les goûts. Au miel, secs, pâtisseries orientales modernes ou anciennes, et même « S'fendj », ils font la joie des hôtes en cette heureuse fête. Les odeurs de toutes ces variétés de gâteaux et autres pâtisseries se répandent depuis plusieurs jours à travers la ville. Les ménagères prennent d'assaut les vendeurs d'ingrédients pour la confection de gâteaux et les pâtisseries. A l'ère du « prêt à consomme », la préparation des gâteaux à la maison est une tradition liée surtout à la célébration de l'Aïd El Fitr. Pour l'Aïd El Adha, les consommateurs préfèrent faire leurs achats dans les magasins spécialisés. Les raisons ? Les ménagères évitent les tracas et ne veulent pas en quelque sorte s'encombrer outre mesure. La plupart des femmes savent qu'une fois le mouton égorgé, elles auront les abats à nettoyer. Ce jour-là, elles doivent servir des petits mets. Les femmes fonctionnaires arrivent difficilement à assumer toutes ces tâches, et reconnaissent qu'elles n'ont pas vraiment le temps de se consacrer aux préparatifs des gâteaux de l'Aïd. A Alger et ses environs, les citoyens ont déjà acheté ou passé commande des pâtisseries et gâteaux, mais ce n'est pas vraiment le rush attendu, comparativement aux autres jours de fête. Beaucoup estiment que cette la fête est celle du sacrifice du mouton et non celle des gâteaux. « C'est la journée des brochettes et des sauces rouges piquantes et non celle de toutes ces confiseries », nous dira un client d'une boutique à El Biar. Ce n'est pas l'unique raison qui en dissuade les clients. Les prix des gâteaux proposés sont un autre obstacle. Dans l'une des plus prestigieuses boulangeries de la capitale, les gâteaux aux amandes sont proposés à près de 100 DA la pièce. On doit débourser davantage pour d'autres variétés notamment les makrout louz, baklawa, dziryat ou autres. Cependant, le prix des gâteaux traditionnels oscille entre 50 et 75 DA l'unité. C'est le cas chez un pâtissier à Aïn Benian, où les samsa et autres griwech sont proposés à 65 DA l'unité. Malgré la flambée des prix, les Algériens achètent quand même. Certains ont cru trouver la parade. Ayant un esprit économique, certaines femmes actives évitent les boulangeries et se tournent vers les femmes au foyer. Celles-ci, qui confectionnent des gâteaux de fête, font preuve de savoir-faire dans la préparation de délicieux baklaw, tcharek, arayech et autres sablés. On négocie, on s'arrange pour « un prix d'amis », souvent au-dessous de 35 à 40 DA l'unité. L'Aïd fait fructifier aussi les affaires des petites gens qui ne s'en privent pas. Les clientes doivent toutefois acheter les ingrédients nécessaires et les remettre à la dame qui prépare ces gateaux, qui se charge du reste. Le net comme partout est au cœur de l'évènement. Les débutantes adorent s'échanger des recettes sur les réseaux sociaux et faire leurs preuves à l'occasion de l'Aïd. Même si le commerce est plus juteux durant l'Aid El Fitr où les regards sont davantage braqués sur la table que sur le mouton.