Ça fait un moment qu'on ne vous voit plus sur la scène. Vous vous faites rare ou désirer, ou, peut-être vous souffrez, comme beaucoup d'artistes de talent, de marginalisation ? Tout d'abord, je salue les lecteurs de votre honorable quotidien. En effet, nombreuses sont les personnes qui m'ont fait la remarque, voire reproché un « retrait », comme c'est le cas de beaucoup d'artistes et non des moindres. J'avoue que ce ne sont pas les propositions qui manquent. Ce n'est pas non plus par manque de talent ou de potentialités et encore moins d'expérience que j'évolue, plus ou moins, loin des feux de la rampe. En tout cas, une chose est sûre : quand on a l'âme d'un artiste, on ne peut pas brader sa fierté. Qu' en est-il de vos productions, de vos albums notamment ? A ce jour, j'ai à mon actif sept albums sur le marché. Il va de soi que mon produit fétiche est le tout premier que j'ai intitulé « Néo andalous ». Loin toute prétention, je dirais que j'étais la première, sinon l'une des premiers interprètes du genre, à avoir été « taxée » de rebelle par certains puritains et conservateurs de la musique andalouse. Pour la simple raison que j'ai revisité le répertoire classique en introduisant d'autres mélodies. Comme celle de la guitare électrique, le saxophone en fusionnant notamment avec le jazz. Je suis satisfaite du résultat. Je n'éprouve aucun regret d'autant plus que l'album a rencontré un grand succès sur le marché. Pour ce qui est des albums ultérieurs, qui versent tous dans le « live » spécial fêtes, je reconnais qu'ils ont été dictés et conditionnés par une conjoncture artistique particulière et obligatoire. Parce que régis par ceux qui détiennent les rênes du marketing de la chanson, à savoir les éditeurs qui sont à plaindre aussi avec le système de piratage qui ne joue pas en leur faveur. L'artiste, s'il veut continuer à exister, doit se plier au goût du public Interprète connue et reconnue de la musique andalouse, quel regard portez-vous sur l'éclosion de la nouvelle génération qui prend peu à peu le relais des anciens ? Le domaine de la musique andalouse est très encourageant. Les associations musicales sont nombreuses, ce qui témoigne de sa vitalité. Je crois que c'est une bonne chose. Un grand nombre de chanteurs a émergé de ces écoles. Moi-même, je reste un pur produit de ces associations. J'ai eu la chance, après l'obtention de mon premier prix chant et piano, de faire partie de l'illustre association El-Fakhardjia sous la direction du grand maître de tous les temps, le regretté Abderrezak Fakhardji. Un mot sur la disparition du dernier des grands maîtres du genre, Sid-Ahmed Serri... La scène artistique, en général, et la musique traditionnel, en particulier, ont perdu un pionnier, un repère et un maître incontestable. Allah Yarhmou Quels sont vos projets ? Actuellement, je continue d'animer des fêtes de mariage. Comme tout artiste reconnu en Algérie, il faut se faire une place dans l'animation des fêtes de familles. C'est comme dans le football, il faut faire ses preuves sur le terrain. Je me suis affirmée dans les orchestres féminins traditionnels, « les M'samaâ ». En tout cas, je fais ma musique avec beaucoup d'amour, parce que c'est tout simplement ma passion.