Au moment où le gouvernement yéménite en exil en Arabie saoudite semble favorable à l'initiative de paix du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, la violence atteint son paroxysme à Aden. Cette ville, cible de nombreux attentats, ne cesse de subir les affres du terrorisme, en dépit des divers plans mis en place pour la sécuriser. Hier, pas moins de soixante personnes ont été tuées et 29 autres blessées dans un attentat-suicide contre de jeunes recrues de l'armée, selon un bilan des principales institutions médicales. Un kamikaze a fait exploser sa voiture au milieu d'un rassemblement de nouvelles recrues devant une école du nord de la ville. Rassemblées dans la cour, les recrues terminaient les formalités pour rejoindre les rangs des forces armées yéménites. Le groupe terroriste Daech n'a pas tardé à revendiquer ce carnage pour tenter de faire dérailler le processus de paix. Vendredi, le gouvernement yéménite a donné son accord de principe, lors d'une réunion à Riyad, à l'initiative de paix du secrétaire d'Etat américain John Kerry, pour la reprise des pourparlers. Cette proposition consiste en la formation d'un gouvernement d'union nationale, pour mettre fin à un conflit qui dure depuis 17 mois et qui a fait plus de 6.600 morts, en majorité des civils. Elle prévoit une participation des rebelles houthis à un gouvernement d'union nationale contre leur retrait de la capitale Sanaa et de larges zones du nord du Yémen et la remise des armes lourdes à une tierce partie. Le gouvernement n'a pas encore reçu de notification officielle concernant cette initiative. Pour leur part, les rebelles houthis, ayant à maintes reprises demandé la constitution d'un tel gouvernement comme un premier pas pour résoudre le conflit, n'ont pas encore annoncé de réponse officielle. Le gouvernement a, lors des précédentes négociations, insisté sur un retrait préalable des rebelles des zones qu'ils occupent avant d'élaborer un plan de paix, comme le prévoit la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU. Le principe ayant été adopté, le diplomate américain estime que l'émissaire de l'ONU au Yémen, Ismaïl Ould Cheïkh Ahmed, se chargera de la présentation de ces idées en détail aux parties en conflit. Parviendra-t-il à les convaincre d'engager une réelle négociation ? En somme, rien ne prête à l'optimisme au regard des divergences opposant les protagonistes. Face au marasme qui profite à Daech, comme le montre clairement le carnage d'hier, le processus de paix risque de souffrir d'une impasse fatale.