Un album dans les modes hawzi et m'dih, en hommage au grand barde du melhoun, a été récemment composé par une troupe fusion issue des deux associations. Fortement versées dans la préservation du patrimoine lyrique algérien, la musique andalouse en premier chef, nombre d'associations ont mis les bouchées doubles notamment pour rendre hommage aux grands hommes qui ont marqué par leur génie ce prestigieux patrimoine culturel. Parmi eux, l'inénarrable poète feu Kamel Youbli à qui les deux associations El Djennadia et les Beaux-Arts d'Alger ont consacré un album hawzi-m'dih. Parce que les collaborations dans les studios est quelque chose de rarissime dans la sphère andalouse, que ce CD prend la dimension d'un inédit. Mais c'est surtout une occasion de mettre en place un orchestre mixte et de qualité qui a eu pour mission d'exécuter une belle sélection puisée dans le riche corpus des dérivés de l'andalou que sont, entre autres, les modes hawzi et m'dih. Sous la double baguette des chefs d'orchestre Abdelhadi Boukoura, pour Les Beaux-Arts, et Lamine Bouzar, pour El Djennadia, la troupe a donné de la voix à quelque treize textes poétiques très connus tant pour les initiés que pour les profanes, a-t-on envie de dire. Il s'agit, pour ce qui est du hawzi, de « Meni Ibat » ou plus connu sous le nom de « bellagh slami yal wercham ila Al Djzaïr » du grand barde cheïkh El Kbabti. Une qacida estampillée par le regretté maître de la chanson chaâbi, El Hachemi Guerouabi. C'est aussi le cas de « ya taleb » de l'un des maîtres du melhoun, le Tlemcénien Mohamed Ben Sahla, également prisé par le défunt cheïkh et que la troupe a magistralement exécuté dans cet album. Ou encore de « ya qalbi nedaâik lechraâ » du grand poète cheïkh Ben Amar. Dans le mode m'dih, les deux associations ont entonné au moins deux grands textes de Kamel Youbi, « fadji ya rabbi fadji » et « aâdrouni ya ahl el hawa »... Ce nouvel album, accompagné par un autre dédié au ténor de la musique andalouse, cheïkh Mohamed Lakehal, a donné l'occasion à une pléiade de jeunes solistes des deux entités de tirer leur épingle du jeu, à l'instar de Meriem Ouezzani et Lamia Abdelli, des Beaux-Arts, et Zoulikha Sebaï, Meriem Sid Ahmed, Wissam Koudia et Benachour Douniazad, de l'association boufarikoise. Peu connu du grand public, Kamel Youbi, l'« enfant terrible » de la ville de Boufarik, est, pourtant, considéré comme un grand nom de la poésie populaire aux côtés de feu Zerrouk Daghfali. Auteur de plusieurs textes, dont certains célèbres, Youbi n'a pu publier son recueil. C'est son ami, cheïkh Mohamed Melah qui, dans une récente déclaration à la presse, a indiqué qu'il compte éditer un diwan réunissant l'œuvre de ce grand poète. Kamel Youbi est né le 13 août 1955 à Alger, mais s'est installé définitivement à Boufarik à partir de 1986. Il est décédé le 13 juillet 2014 à l'âge de 59 ans.