Menace Depuis une vingtaine d?années, le Nord n?en finit pas de subir. Cela se sent au quotidien par chacun de nous, tant les difficultés sont devenues innombrables et parfois même insurmontables. Première conséquence directe de la croissance urbaine, la saturation des voies de circulation. Que ce soit en bus ou en voiture, nous avons tous droit à notre demi- heure d?embouteillage quotidien. Ainsi, des milliers d?heures sont perdues inutilement à une époque où le temps se compte en dollars. Et c?est une fois que le mal est fait qu?on tente de se reprendre. Une trémie par-ci, un pont par-là, en somme autant d?ouvrages qui auraient dû exister quinze années plus tôt. Côté équipements socio-économiques, l?asphyxie est constatée depuis longtemps. Hôpitaux, écoles, bibliothèques, marchés? autant d?endroits qui n?arrivent plus à contenir un flot humain appelé à s?accroître. En effet, selon les études menées par l?Office national des statistiques (ONS), la population des régions nord du pays atteindra les 25 millions en 2025. Ce qui nous donne un aperçu sur ce qui nous attend. Au lieu de mesures préventives, nous avons droit à des mesures «punitives». Sinon comment qualifier les séances de délestage censées nous éviter un hiver sans chauffage ou l?alimentation en eau à un jour sur trois pour garder quelques gouttes pour l?été ? Toutefois, la solution miracle se trouverait dans le Sud. Un schéma élaboré consiste à renverser les tendances anciennes d?immigration Sud-Nord et à valoriser les Hauts-Plateaux communément appelés «zone de mouton». Cette immense étendue constitue notre salut. Cependant, le rêve risque de tourner au cauchemar. Le Sud a droit à ses maux. Ils s?appellent érosion et désertification. Ces phénomènes naturels aidés par l?oisiveté de l?Algérien ont avalé d?énormes espaces sans qu?ils soient rassasiés. Par ailleurs, l?exode devra attendre que des infrastructures capables d?accueillir une population conséquente soient réalisées. C?est l?autre réalité de notre Sud. Une zone sous-équipée et livrée à son sort depuis des décennies. Des installations hydrauliques insignifiantes, un réseau routier et ferroviaire insuffisant, des aéroports miniatures, une alimentation en gaz déficiente. Il est également inutile de parler de couverture sanitaire, d?universités, ou bien de logements dignes de ce nom. Telle est la réalité d?une région censée être notre planche de salut pour les années à venir. Pourtant, une lueur d?espoir demeure. La manne financière dont a bénéficié le pays grâce à l?envolée des cours de pétrole pourrait nous permettre de réhabiliter cette région pour nous offrir une issue avant que la population n?atteigne les 45 millions d?Algériens.