Intérêt - Il est sur toutes les lèvres au point d'éclipser la journée de championnat prévue aujourd'hui. C'est le clasico espagnol qui opposera ce soir le Real au Barça et que les Algériens se sont vite approprié. Cela fait un bon moment que la rue algérienne vibre pour le grand clasico entre le Real et le Barça. Mieux encore : à chaque rendez-vous des deux géants d'Espagne, l'effervescence gagne un peu plus toutes les couches de la société, au point d'éclipser tous les autres événements, notamment le jour du match. A Oran, la ville la plus espagnole des villes algériennes, où le clasico est bien ancré, à Alger, à Annaba ou dans d'autres cités et même villages du pays, le match de ce soir est sur toutes les lèvres. Barça, Real, «L'Algérie est Barça», «Non, Madrid». «Ils n'ont qu'un joueur, Messi, s'il part, ils meurent !», «Deux buts signés Benzema, Ozil», «Plutôt Pedro et Villa», «Mes frères supportent le Real, moi le Barça», «3 à 0 pour le Real», «2 à 0 pour le Barça», «Ils ont vite oublié le 6 à 2 et le 5 à 0», «La manita» et les commentaires n'en finissent pas. Que ce soit chez les jeunes, les moins jeunes et même les femmes, Real - Barça est devenu un véritable phénomène de mode. Les discussions vont du superficiel, pour les non-connaisseurs, au déchaînement des passions, et rares sont ceux qui ne sont ni d'un camp ni de l'autre. En général les Algériens sont tranchés : ils sont soit Real, soit Barça. Du coup, le troisième clasico de la saison (après la double finale aller - retour de la Supercoupe d'Espagne remportée par les Blaugrana) sera très suivi, que ce soit en famille, entre amis ou bien dans un des cafés ou salons pourvus de télé écran plat qui se sont déjà bien préparés pour offrir une tribune aux accros et fans des deux équipes. Grâce à la parabole et à une surmédiatisation des championnats étrangers, le championnat algérien, professionnel soit-il, est pratiquement relégué au second plan. Malgré les quelques frictions qui ont terni l'image de marque de ce match, la saison dernière lors des six confrontations entre les deux clubs, et la rivalité exaspérée par un José Mourinho plus provocateur que jamais, le duel de ce soir s'annonce grandiose. Les férus s'attendent à un réel régal que seuls Catalans et Madrilènes sont capables de nous offrir, chacun selon son style de jeu, d'autant que cette saison le Real carbure à plein régime et dont le niveau s'est bien rapproché de celui de son ennemi juré. La preuve est que, contrairement à l'année dernière où le Real se présentait avec deux points de retard au Camp Nou pour essuyer une manita (un cinglant 0 à 5), les Meringue possèdent, cette fois, trois longueurs d'avance (37 points contre 34) et un match de moins que les Catalans. Sans compter la revanche que voudrait prendre Mourinho sur un Guardiola qui lui a souvent damé le pion depuis qu'il est sur le banc du Real. Un Real plus conquérant et plus fort qui, sur le papier, part avec les faveurs des pronostics, surtout que la première manche se déroulera à Santiago-Bernabeu. Les Benzema, Higuain, Ronaldo, Xavi Alonso, Sergio Ramos pètent la forme. Mais attention, les Barcelonais sont capables de renverser la vapeur et sortir le grand jeu pour refroidir leurs adversaires dans leur antre même. Quand on a un diable comme Messi et des génies du ballon tels qu'Iniesta, Xavi, Fabregas, Pedro, Cuenca et autre Villa, il y a de quoi être plus que prudent. Et d'ailleurs pour tout l'or du monde, les Algériens ne rateront pas le match le plus regardé au monde, tout en espérant qu'il n'y aura pas de dérapages comme ce fut le cas l'année dernière où certains chauvins en sont venus aux mains et à l'arme blanche, alors que le duel, lui, s'est toujours déroulé dans le fair-play, côté tribunes. C'est dire surtout le culte que vouent les Algériens aux deux grands clubs d'Espagne. Ronaldo-Messi : que disent les chiffres ? Le Real-Barça de ce soir sera le théâtre d'un duel entre les deux meilleurs footballeurs de la Planète. Depuis des mois, Cristiano Ronaldo et Lionel Messi affolent les compteurs. Le décryptage de leurs statistiques ahurissantes, chasse quelques idées reçues. Et puis il y a les statistiques, qui ne trompent pas. Celles de Cristiano Ronaldo et de Lionel Messi donnent le vertige. Cette saison, le duel entre les deux meilleurs joueurs du monde a pris une tournure de course-poursuite infernale. Interminable. Le Madrilène et le Barcelonais se rendent coup pour coup. Quand l'un signe un triplé, l'autre ne peut s'empêcher de répliquer. Alors pas question de souffler, de s'économiser. Ronaldo et Messi ont joué tous les matches de Liga. Quasiment tous dans leur intégralité : 1 203 minutes pour la fusée portugaise, 1 288 pour le lutin argentin. Pour un bilan hallucinant d'un but toutes les 71 minutes pour le premier, toutes les 76 minutes pour le second. Sur le plan de l'efficacité, ça se vaut. Mais en se plongeant attentivement dans leurs statistiques, on décèle d'autres tendances, qui tordent le cou à certains a priori. Messi excelle dans les petits espaces, où son talent individuel fait souvent la différence. La Pulga brille par sa faculté à éliminer ses adversaires d'un coup de rein. Et dans ce domaine, il est sans équivalent. La preuve : il réalise, en moyenne, 9,5 dribbles par match de Liga. Pour en réussir 58%. Contrairement aux idées reçues, Ronaldo est moins dribbleur dans l'âme. Il n'en tente que 4,4 par rencontre. Et son taux de réussite atteint péniblement les 31%. Ce rendement s'explique : CR7 laisse beaucoup d'énergie dans les efforts défensifs. Il est plus concerné que Messi par le travail de replacement et de harcèlement. Résultat : le Portugais récupère deux fois plus de ballons que l'Argentin. On appelle ça la patte Mourinho. Cette saison, les buts de Cristiano Ronaldo et Lionel Messi inscrits en Liga cultivent une ressemblance : ils l'ont tous été dans la surface adverse. Mais la palette du Portugais semble plus large : 2 buts de la tête, 3 du gauche et 12 du droit, contre 12 du gauche et 5 du droit pour son alter ego argentin. CR7 marque aussi davantage sur coups de pied arrêtés (7 buts contre 3 pour Messi). C'est assez logique, puisque l'ancien Mancunien tire les penalties. Rien que dans le championnat d'Espagne, il en a déjà transformé 6. CR7 tente beaucoup. En moyenne, il décoche 6,2 tirs par match de Liga. Messi ? «Seulement» 5,6. Mais l'Argentin se montre plus précis. Il cadre 66,1% de ses tentatives, quand le ratio du Portugais atteint 53%. Dans ce domaine, l'écart serait encore plus grand si Messi n'avait trouvé le poteau à 4 reprises. Leur bilan cette saison Cristiano Ronaldo : 21 buts et 8 passes décisives en 20 matches avec le Real Lionel Messi : 27 buts et 14 passes décisives en 23 matches avec le Barça Leur bilan en 2011 Cristiano Ronaldo : 56 buts en 57 matches (0,98 but par match) Dont 49 buts en 49 matches avec le Real et 7 buts en 8 sélections avec le Portugal Lionel Messi : 57 buts en 67 matches (0,85 but par match) Dont 53 buts en 54 matches avec le Barça et 4 buts en 13 sélections avec l'Argentine Guardiola : «Le Real est plus fort que l'an dernier» L'entraîneur du FC Barcelone Pep Guardiola a reconnu qu'il y avait un grand enjeu pour son équipe, à l'occasion du clasico contre le Real Madrid. «Il y a beaucoup de choses en jeu pour le Barça, a reconnu le technicien catalan. Celui qui est en retard est toujours plus dans la nécessité de gagner que son rival. Et si nous n'allons pas à Bernabeu avec ceci présent à l'esprit, ce sera très compliqué». Accusant un retard de trois points sur le Real Madrid malgré un match de plus joué, les Blaugrana se verraient en effet relégués à six points en cas de défaite. Guardiola, qui n'a pour l'instant jamais perdu en tant qu'entraîneur du Barça dans l'antre du Real, a, par ailleurs, avoué que les Merengue étaient plus forts que l'an dernier. «Ils se connaissent mieux, jouent ensemble depuis plus longtemps et savent exactement ce qu'attend d'eux l'entraîneur, a-t-il expliqué. Demain, nous allons donc nous mesurer au leader, à notre rival par excellence. Nous verrons qui, ce jour-là, est le plus fort». Mourinho préfère se taire On ne sait pas s'il s'agit d'une nouvelle bravade à l'encontre des médias ou s'il a simplement tiré les leçons du passé. Toujours est-il que José Mourinho a préféré ne pas s'exprimer à la veille du clasico, laissant toute la lumière à son homologue barcelonais, Pep Guardiola. Attendu à la traditionnelle conférence de presse d'avant-match, l'entraîneur du Real a envoyé son adjoint Altor Karanka à sa place. «Je préfère quand ça se passe comme ça», a souligné Guardiola en référence aux joutes verbales qui ont opposé les deux techniciens l'an dernier et au climat délétère qui en a découlé.
