Beaucoup d'administrations et de bureaux privés organisent leurs rendez-vous en fonction des horaires de prières et on vous invite volontiers à vous présenter après el-dohr, avant el-asser... Cette incursion de la pratique religieuse dans la vie publique, clairement annoncée, ne date pas d'aujourd'hui et l'institution ne cherche même plus à faire le distinguo pourtant nécessaire : à l'heure de la prière, non seulement de plus en plus de magasins baissent rideau, mais même quelques services publics sont désertés et on vous dira volontiers que tel préposé est absent pour «cause de prière». Un fait sociétal dicté par une idéologie qui se veut plus royaliste que le roi : en s'inscrivant ainsi dans la religiosité ostentatoire, on reste convaincu de couper l'herbe sous le pied des islamistes et on fait alors dans l'excès de zèle. Rien mais absolument rien n'oblige les organisateurs d'un festival à programmer par exemple les spectacles après la prière des tarawih pendant le ramadan. Comme rien n'oblige ce fonctionnaire à programmer son travail en fonction des horaires de prière, et à la limite, il fait ainsi montre d'étalage de sa foi, ce qui n'est pas du tout recommandé par l'islam qui invite à la retenue, la discrétion. En outre cette manière de «disputer» le fait religieux aux islamistes, constitue une grave méprise qui montre surtout l'ignorance que l'on a de la religion et de l'essence même du Message. C'est attribuer aux islamistes un pouvoir et une aura qu'ils sont loin d'avoir. A moins qu'on fasse tout cet étalage dans le but de leur plaire. C'est plus grave encore. C'est leur reconnaître une représentativité de l'islam. Et là ça devient hérétique. Enfin de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.