Publication - L'emploi du patrimoine au théâtre algérien a constitué l'objet d'un nouvel ouvrage de l'universitaire chercheur Ahcen Tlilani. Edité par les éditions «Dar El Tanwir», en langue arabe, sous le titre ‘Le Théâtre algérien : étude pratique sur les origines du patrimoine et le développement de la société', le travail se veut une étude approfondie sur l'usage du patrimoine dans l'expression théâtrale en Algérie. Pour Ahcen Tlilani, un mordu du théâtre, pareille étude s'imposait avec acuité, pour deux raisons : l'une objective, qui est de fournir une source de connaissance dans un cadre particulièrement intellectuel, concernant le passage du patrimoine culturel populaire à un autre niveau d'expression artistique. L'autre est d'ordre personnel qui s'attache à l'auteur lui-même. Sa mémoire déborde de souvenirs d'enfant qui, dans les années soixante-dix, courait assister aux représentations théâtrales données par des étudiants bénévoles, en déplacement dans son village. L'auteur, pour qui le théâtre est un espace d'apprentissage et de culture, garde aussi dans sa mémoire, les différents aspects des spectacles faits par des «gouals» et des «medahine» de son village. Cela a été pour lui un moment de loisir et de plaisir. C'est devenu, plus tard, pour Ahcen Tlilani, une passion et même un métier, puisqu'il a commencé comédien, puis metteur en scène, ensuite auteur et critique. Avec l'étude de plus d'une dizaine de pièces de théâtre, illustrées en cinq chapitres, l'auteur a sillonné l'histoire du théâtre algérien à travers des œuvres réalisées à des périodes distinctes par des metteurs en scène de différentes générations dont il a pu découvrir le génie. Ces dramaturges qui ont su, et à différents niveaux, exploiter l'héritage du patrimoine dans leur travail et l'adapter au contexte de leurs époques. Evoquer le duo «patrimoine» et «théâtre» nous rappelle deux noms de célèbres dramaturges algériens qui ont brillé dans ce domaine, à savoir Abdelkader Alloula et Ouled Abderahmane Kaki. Cependant, l'auteur va plus loin dans le temps et remonte aux prémices du théâtre algérien au début du XXe siècle. Depuis sa naissance, le Théâtre algérien a trouvé dans le patrimoine populaire un support d'appui par excellence. Voulant se démarquer du théâtre occidental et fuir la reproduction du théâtre européen, la première génération du théâtre algérien s'est retournée vers les légendes et les contes du terroir, pour propulser un théâtre à caractère – et authentiquement – algérien. En fait, ils ont contribué à algérianiser le théâtre avec des textes et un langage s'approchant de plus en plus du public algérien. Dans son ouvrage, Hacen Tlilani souligne bien cette relation établie entre le théâtre et le patrimoine en affirmant dans son introduction : «Je pourrais affirmer que le théâtre a été l'expression artistique la plus idoine à préserver notre patrimoine, en lui donnant une autre forme de survie. Aussi pour les dramaturges le patrimoine a été une source d'approvisionnement pour leurs créations artistiques.» Edité depuis peu de temps, le livre est toujours absent de nos librairies. L'auteur s'est beaucoup investi en se procurant des textes rarissimes qu'il a étudiés minutieusement. Il en a fait un appui immense pour les chercheurs et les passionnés du théâtre.