Rencontre - Trois semaines après la tragédie de Lampedusa, les dirigeants des pays européens se rencontrent jeudi et vendredi lors du sommet de Bruxelles pour exiger de leurs homologues plus de solidarité concrète et de coopération. Début octobre, deux naufrages ont fait environ 400 morts, dont plus de 360 tout près de l'île italienne de Lampedusa, provoquant une onde de choc dans l'ensemble de l'Europe. Chaque semaine, des centaines de migrants sont secourus dans les eaux de la Méditerranée. Au-delà des mots, les chefs de gouvernement de plusieurs pays du Sud veulent des actes pour que l'Europe partage leur «fardeau», selon le Premier ministre grec, Antonis Samaras. Son homologue italien, Enrico Letta, a prévenu qu'il demanderait un renforcement de Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes. Le Maltais Joseph Muscat veut que l'UE se dote d'une «stratégie claire». «Si je m'aperçois que le sommet accouche d'une souris, qu'aucune action n'est envisagée, je le dirai», a-t-il averti hier lundi. La Commission européenne a appelé les Etats membres à financer une vaste opération de «sécurité et de sauvetage, de Chypre à l'Espagne», qui serait menée par Frontex. Elle plaide aussi pour que les Etats répondent de manière moins frileuse aux demandes d'asile et que l'UE révise sa politique migratoire pour ouvrir de nouvelles voies légales. Le président français, François Hollande, a promis qu'il proposerait à ses partenaires «une politique qui s'articulerait autour du triptyque prévention, solidarité, protection». La prévention passe notamment par la lutte contre les filières d'immigration clandestine. L'Italie a proposé à cette fin la création d'une «task force». Evoquant cette filière clandestine justement, le lieutenant espagnol, Martin Rivera, explique que «pour chaque immigrant qui entre dans un double fond de véhicules, ils font payer 2 000, 3 000 ou 4 000 euros». «Par la mer, ils peuvent toucher 1 500 euros par personne et font entrer ainsi des femmes, des enfants, dont beaucoup ne savent pas nager». Certains tenteront ensuite de rejoindre la péninsule par bateau, cachés dans des camions ou des conteneurs. «Ils se mettent dans des lieux invraisemblables. Nous avons même trouvé des gens dans des sacs de cendres radioactives», raconte l'officier. Melilla est au carrefour de toutes les formes d'immigration clandestine, par terre et par mer. «Si les assauts contre la frontière grillagée sont les plus spectaculaires, l'immigration a beaucoup d'autres visages, comme les arrivées par la mer ou les doubles fonds des véhicules dont se servent les mafias pour faire entrer des clandestins dans des conditions calamiteuses. Dans ces deux cas, ce sont toujours des Subsahariens», explique le porte-parole de la Garde civile à Melilla. 35 000 personnes et 5 000 à 7 000 voitures transitent chaque jour par le principal poste-frontière de Beni Anzar, un accord entre l'Espagne et le Maroc autorisant les habitants de la zone frontalière à se déplacer sans visa.