Le poids de la culture et des parents fait toujours sa loi en Algérie quand il s'agit du mariage. Il n'en demeure pas moins que de nouvelles formes d'unions sont apparues ces derniers temps à la faveur du nouveau Code de la famille qui a durci les conditions de la polygamie. Ce sont les mariages par la Fatiha aux conséquences dramatiques, aussi bien sur les enfants que sur les femmes qui se retrouvent, du jour au lendemain, sans aucun papier pour prouver cette union illégitime aux yeux de la loi. De nouvelles formes de mariage sont apparues, ces dernières années en Algérie, notamment après l'adoption du nouveau code de la famille qui conditionne un second mariage par l'assentiment de la première épouse. Des liaisons le plus souvent de courte durée et qui n'ont de légitime que cet aspect de leur conformité à la charia (loi islamique), mais qui laissent, malheureusement, des séquelles indélébiles pour de longues années. Les victimes de ces mariages, nullement motivées, il faut le dire, par le souci de fonder un foyer, sont ces femmes et ces enfants qui se retrouvent d'un jour à l'autre à la rue et sans ressources. Si les hommes procèdent, volontiers et sans esprit de responsabilité, à accomplir ce genre de liaisons interdites par la loi algérienne, les femmes qui acceptent sont aussi à mettre au banc des accusés pour ce qui est des répercussions préjudiciables qui en découlent. «Ma conscience est tranquille. Je ne fais pas quelque chose qui provoque la colère de Dieu, puisque mon mariage est licite», dit sur un ton de fierté, A.M, la cinquantaine, maçon de son état, originaire de l'est du pays. «Ça fait plus de dix ans que je sous-traite dans des chantiers à Alger. Je me rends une fois par mois dans mon village natal pour offrir de l'argent à ma première femme et mes enfants, qui ne manquent de rien. Mon deuxième mariage par la Fatiha, je l'ai accompli dans la discrétion totale, par crainte de réactions de ma première épouse, de mes enfants et de ma belle famille», ajoute notre interlocuteur. «Je n'ai pas imposé le mariage à la Fatiha, au contraire cela s'est fait par consentement réciproque. Ma deuxième épouse possède toutes les conditions pour mener une vie décente, elle n'a pas besoin de mon argent. Au contraire, son seul souci est d'avoir une vie conjugale conforme à notre religion», insiste-t-il. Il ne s'agit pas là d'un cas isolé, mais plutôt d'un échantillon illustratif d'un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur dans notre société. Certaines femmes ne prennent conscience de la nécessité d'enregistrer leur mariage coutumier qu'à l'approche de la naissance d'un bébé issu de cette relation. Et là, c'est tout un parcours du combattant auquel il faut s'adonner. Car, la plupart des hommes disparaissent totalement afin de ne pas être confrontés à de telles situations. On prend une seconde, une troisième, et même une quatrième épouse dans le «halal», mais ces polygames oublient que la reconnaissance de leurs enfants et leur prise en charge est aussi un devoir, une responsabilité à assumer pleinement, selon les préceptes de l'Islam. Certes, ce phénomène de mariages non enregistrés administrativement n'est pas nouveau, notamment dans certaines régions de l'intérieur du pays, où les traditions sociales le tolèrent. L'engouement pour ce genre d'unions, temporaires dans la plupart du temps, est motivé, il faut le souligner, par ces amas de fetwas émanant essentiellement des pays asiatiques (Iran et pays du Golfe) et qui parviennent souvent à tenter les amateurs de la dolce-vita, version halal. Il suffit de deux témoins, une récitation de la Fatiha, une dot, même symbolique, pour vivre avec une femme sans être soumis à des pressions sociales où à des remords. Mais si la «recette» est toute simple, ses conséquences sont, malheureusement, trop lourdes...