Le chanteur algérien Belkacem Bouteldja, considéré comme un des pionniers du raï, est décédé mardi soir à l'hôpital universitaire d'Oran à l'âge de 68 ans des suites d'une longue maladie. Il a été accompagné hier à sa dernière demeure, au cimetière de Aîn El Beïda, en présence d'une foule nombreuse composée d'artistes, hommes de culture, de proches et amis du disparu. Né en 1947 dans le quartier populaire d'El Hamri, à Oran, Belkacem Bouteldja se fait connaître dès 1965 avec la chanson «Galtlek Zizia», une reprise du patrimoine musical marocain qui fera son succès aux côtés d'autres titres comme «Milouda». Multipliant les succès, avec notamment «Ya rayi» «Hiya El Wahrania», «Sidi El Hakem», «Taliya Rabi bik blni», le défunt, bien que se définissant comme un fidèle du «raï original», il se lança dans une véritable aventure, dans les années 70, avec Messaoud Belkacem Bellemou, pour moderniser ce genre musical, en introduisant de nouvelles sonorités et nouveaux instruments musicaux, comme le saxophone, la trompette. Le duo marquera définitivement le «new-raï», ouvrant la voie à de jeunes loups qui deviendront les porte-voix de ce genre auquel ils donneront une dimension internationale. Discret, humble et pétri de valeurs humaines, le défunt Belkacem Bouteldja vivait, dans le silence et la dignité, sa situation sociale précaire. Sollicité quelques fois pour animer des soirées ou prendre part à des festivals comme celui de Sidi Bel Abbès, dédié au raï, il vivotait tant bien que mal. Sa situation s'est aggravée, ces derniers mois, avec sa maladie. Hospitalisé depuis juillet dernier au CHU d'Oran, l'artiste avait confié récemment au quotidien El Watan la grande «précarité» dans laquelle il vivait depuis son retrait de la scène en 1985. La scène musicale oranaise et nationale a donc perdu, en la personne du défunt Bouteldja Belkacem, que l'on surnommait Joselito, un de ses meilleurs représentants.