décès n Boudjemâa El Ankis fut l'un des plus grands interprètes du chaâbi du siècle passé, grâce à sa façon de chanter très émotive et touchante. Encore une autre figure de la culture algérienne qui tire sa révérence. Il s'agit du maître de la chanson chaâbi, Boudjemâa El Ankis. Celui qui s'est donné le surnom d'El Ankis par amour au Cheikh El Hadj M'hamed El Anka, dont il sera un des élèves, nous a quittés hier en fin de soirée à l'hôpital Aïn Nâadja, à Alger, des suites d'une longue maladie, à l'âge de 88 ans. Considéré comme l'un des pionniers de la chanson chaâbie, Boudjemâa El Ankis est né le 17 juin 1927 à La Casbah d'Alger. Il a travaillé avec les grands maîtres du chaâbi avant de rejoindre le groupe de Hadj Mhamed El Anka et de Hadj Mrizek, les deux monstres sacrés de la chanson chaâbi de l'époque. En effet, Boudjemaâ El Ankis débute sa longue et riche carrière en 1942, où il s'est produit, pour la première fois, en public à l'occasion d'un mariage en 1942 après avoir longtemps pratiqué la musique (la mandoline et la guitare) auprès d'artistes tels que Saïd El Meddah et Ahmed Serri qu'il avait côtoyé sur son lieu de travail à la cour d'Alger. A cette occasion, il interprète pour la première fois «Ala Rssoul El Hadi Sali Ya Achiq». Spécialiste du med'h, comprenant essentiellement les quacidate, il gratifie les mélomanes avec «Chouf li Ouyoubek ya Rassi», «Ya Ighafel», «Ya Khalek lachia», «Zaoubnafi H'inak» et «El Bar». Plus tard, au début des années 1950, celui qui commençait à s'intéresser à la chansonnette, s'employait à travailler sur des arrangements personnels. Avec la guerre d'indépendance, Boudjemaâ El Ankis a milité pour la cause nationale. Cela lui a valu une arrestation à deux reprises. Il a été même torturé. A sa sortie de prison, Boudjemaâ El Ankis revient sur la scène musicale avec «Djana El Intissar » évoquant les manifestations du 11 décembre 1961. A l'indépendance, sa carrière prendra un nouveau tournant, notamment avec sa rencontre avec le parolier Mahboub Bati. Un répertoire nouveau avec des chansons «légères» qui, certes, choqueront au début les «puristes» du chaâbi mais qui, avec le temps, finiront par devenir des must, comme «Ah Ya Ntya», «Rah El Gahli Rah » ou encore «Tchaourou Aalya»…, qui, d'ailleurs, lui confirmeront son titre d'«El Ankis». Tout au long de son parcours musical, Boudjemaâ El Ankis, d'une grande générosité, a fait alors œuvre de pionnier, ouvrant la voie à la nouvelle génération de chanteurs chaâbi, comme Amar Ezzahi, El Hachemi Guerrouabi, Hassen Saïd et Amar El Achab. Celui que l'on aimait appeler «Boudj» fut, tout simplement, l'un des plus grands interprètes du chaâbi du siècle passé, grâce à sa façon de chanter très émotive et touchante. Il a ainsi laissé derrière lui un riche héritage musical, un répertoire riche de plus de 300 chansonnettes. Le défunt a été inhumé ce jeudi au cimetière d'El Kettar à Alger.