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Histoires vraies : Portrait d'une sociologue 1re partie
Publié dans Info Soir le 01 - 12 - 2015

Christian Houssard n'habite pas Harlem et pourtant il est noir. Christian Houssard ne s'appelle pas Christian Houssard ; dans l'existence, il se fait appeler Charles Benber.
Donc, Charles Benber vit avec sa mère dans un quartier blanc de Washington, parce que sa mère est blanche. Et s'il a changé de nom, c'est qu'il a eu quelques ennuis avec la police, au Mexique, au Canada, et dans quelques Etats de l'Union.
Il ne peut pas s'empêcher de voler de temps en temps. Voler et mentir. A vingt-cinq ans, il raisonne comme un adolescent de quinze. Ce jour de 1974, Charles Benber rentre chez sa mère à quatre pattes. Pour elle, il s'appelle toujours Christian, elle ne sait rien de ses ennuis, car son fils lui ment sans arrêt, et elle le croit. Sa longue silhouette noire et svelte est pliée en deux sous la douleur, et la mère s'affole :
«Qu'est-ce qu'il y a Chris ? Qu'est-ce que tu as ?
— C'est rien, m'man, c'est rien, une idiotie. Un type énervé qui voulait se garer à ma place, il m'a boxé.
— Mais tu es tout pâle, il t'a blessé gravement !
— Mais non, m'man, un coup à l'estomac, c'est rien. Je te jure.
— Je vais appeler un médecin. »
Au mot de médecin, le fils se redresse tant bien que mal et affronte sa mère avec une violence soudaine.
«Maman, j'ai dit que non ! Ce n'est rien ! Tu arrêtes ton cinéma oui ? Tu me fous la paix ? Je me suis bagarré avec un type, et c'est tout, t'as compris ?»
Mme Vve Houssard regarde ce fils beau et noir comme l'encre, qui n'a plus de père, qui lui en veut d'être blanche alors qu'il est noir, qui lui en veut de travailler alors qu'il est chômeur, qui lui en veut de sa tendresse, alors qu'il la déteste ! Elle le regarde, baisse les bras, abandonne la lutte comme d'habitude depuis vingt-cinq ans, et dit :
«Comme tu voudras, Chris. Comme tu voudras.»
Si elle savait, cette mère, que son asocial et voleur de fils a rencontré ce soir-là une sociologue et qu'il l'a tuée, elle se ferait plus que du souci.
Mais elle ne sait pas. Et au fond, que Christian lui mente, ça l'arrange, puisqu'elle ne veut pas savoir. Le problème est que son fils a rencontré une sociologue, qu'il l'a tuée et que cette fois, il aura du mal se justifier.
Christian Houssard s'est couché, il a claqué la porte de sa chambre, et il ne dira rien pendant trois jours. Il mentira jusqu'à la dernière limite, jusqu'à ses dernières forces. II croit que tout peut s'arranger, même une balle dans les côtes. Et pendant qu'il surnage entre deux comas, sa mère travaille, et regarde la télévision. Chacun mène sa vie en dehors de l'autre, c'est une habitude. La mère dans son coin, le fils dans son coin ; une sorte d'apartheid familial.
Mais le fils ne s'est pas bagarré avec un automobiliste. Il a rencontré Pat Alison, sociologue, belle, riche et blanche.
Ce matin de 1974, Pat Alison était encore en vie, et elle en remerciait le ciel comme presque tous les matins.
Une histoire bête avait failli la tuer, à trente ans : une rencontre avec un chien enragé a montré à Pat la mort de près. La maladie a fini par céder, mais tous les matins Pat prend des médicaments pour éviter une rechute et tous les matins elle remercie le ciel d'être en vie.
Elle a raté deux mariages, mais elle est en vie. Et seuls les êtres qui ont frôlé la mort de près, connaissent la vraie valeur de la vie.
Comment décrire cette femme qui va mourir le soir-même d'une balle en plein visage ? Physiquement, c'est facile belle, brune, des yeux verts, et un front intelligent.
Pour le reste, la journée qui précède sa mort, la représente assez bien finalement. Pat est donc sociologue et s'occupe beaucoup des problèmes de racisme, beaucoup de la Ligue des Droits de l'Homme, beaucoup des pauvres et des chômeurs.
Rien ne l'y oblige, car elle est riche de naissance.
A suivre


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