Scrutin n Les Espagnols seront à nouveau appelés aux urnes fin juin prochain, pour départager des partis incapables de s'accorder depuis les législatives de décembre, bloquant politiquement le pays pendant presque six mois. La nouvelle est tombée dans un court communiqué diffusé hier soir, par la Maison royale, précisant que Felipe VI, après des entretiens avec les dirigeants politiques, constatait ne pas avoir de «candidat disposant des appuis suffisants pour que la Chambre des députés lui accorde, le cas échéant, sa confiance». Le roi a indiqué qu'il y avait de ce fait lieu de mettre en œuvre l'article de la Constitution prévoyant la tenue de nouvelles élections. Faute de candidats, «nous n'avons d'autre choix que d'élaborer un décret de dissolution du Parlement, visant à convoquer des élections», a ensuite expliqué Patxi Lopez, le président du Congrès précisant que cette formalité interviendra le 3 mai prochain. La loi prévoit que le scrutin se tienne 54 jours plus tard, le 26 juin prochain, trois jours après le référendum sur un éventuel «Brexit». Depuis fin décembre 2015, l'Espagne, quatrième économie de la zone euro, était dirigée par le gouvernement conservateur sortant de Mariano Rajoy, seulement en mesure d'expédier les affaires courantes, dans l'impossibilité de prendre de nouveaux engagements ou d'adopter des réformes. Cette situation devrait encore se prolonger au moins jusqu'au mois de juillet, après le nouveau scrutin. Avant cette annonce, Mariano Rajoy avait déjà constaté l'échec des partis à négocier, assurant toutefois que son Parti populaire avait «l'entrain et la force» nécessaires pour mener une nouvelle campagne. Son rival socialiste Pedro Sanchez a, lui, appelé les Espagnols à garder la «confiance», assurant que «l'Espagne sortira renforcée de cette épreuve». Il a plaidé pour un gouvernement de «dialogue et de modération» et annoncé qu'il sera à nouveau candidat, s'il est investi par ses militants. M. Sanchez avait préalablement expliqué au roi qu'il ne disposait pas de soutiens pour être investi, lui qui avait tenté, depuis le mois de février, de former une coalition avec les centristes et Podemos (gauche radicale). Les élections du 20 décembre, organisées après la pire crise économique traversée par l'Espagne depuis la mort du dictateur Francisco Franco en 1975, ont fait émerger, aux côtés des traditionnels PP et du parti socialiste, arrivés en première et deuxième position, une classe politique rajeunie. Elles ont donné naissance au niveau national à deux nouvelles formations : Podemos, de gauche radicale (3e) et Ciudadanos (4e) de centre libéral. Mais sur ce nouvel échiquier politique à quatre entre PP, socialistes et les deux nouveaux, aucune combinaison gagnante n'a été trouvée. Après deux séances d'investiture infructueuses pour M. Sanchez, bloqué par la droite et Podemos, en mars dernier, les élections semblaient inéluctables.