Résumé de la 6e partie n Pour la première fois, Carol réfléchit sérieusement aux risques qu'elle avait pris en cachant Joe. «Mais Tom, avait-elle protesté, j'ai seulement permis à cette pauvre gosse de sortir son chien de son panier ! Elle voyageait seule, elle allait être adoptée par des étrangers. C'était la nuit et la cabine était plongée dans l'obscurité. Personne ne se serait aperçu de rien si cette bonne femme n' avait pas reçu un malheureux petit coup de dent en se penchant sur l'enfant.» Et Tom avait répliqué : «Carol, peut-être un jour apprendras-tu à te plier au règlement. Cette bonne femme, comme tu dis, était une actionnaire de la compagnie et elle a fait un boucan de tous les diables. Sachant que cela ne me coûterait pas mon job, je me suis déclaré responsable du fait que ce clebs se promenait en liberté à bord. Mais après sept ans de parcours sans faute, j'apprécie peu d'avoir reçu un blâme.» Elle se rappela désagréablement qu'elle s'était mise en rage contre lui, se déclarant ravie de savoir que l'excellence de ses états de service était un peu écornée — que maintenant peut-être il pourrait se détendre et agir avec humanité — peut-être même cesserait-il de considérer le manuel de la compagnie comme la Bible. Elle se souvenait cruellement de chacun des mots qu'ils avaient échangés, elle avait si souvent revécu cette dispute. Elle essaya de se représenter la réactionde Charlie Wright, le directeur de la Northern à Francfort. Charlie était un «homme de la compagnie» lui aussi. Il aimait que ses avions arrivent et partent à l'heure, que les passagers soient pleinement satisfaits. Charlie serait hors de lui en se voyant obligé de rapporter à la compagnie la présence d'un passager clandestin et il la suspendrait de ses fonctions, s'il ne la virait pas purement et simplement. La couverture de Joe bougea légère-ment, lui rappelant brutalement qu'elle devait au plus vite trouver un endroit où le cacher en sécurité. L'avion prenait sa vitesse de croisière. Voyant s'effacer le signal : ATTACHEZ VOS CEINTURES, Carol se leva lentement. À contrecœur, elle tendit la main vers l'interrupteur placé sur la cloison et alluma les plafonniers. Elle commença à distribuer les magazines et les journaux. L'homme qui redoutait le décollage semblait plus calme à présent. «Votre pilule m' a été d'une grande aide, mademoiselle.» Il accepta un journal, chercha ses lunettes. «J'ai dû les laisser dans mon manteau.» Il se leva, se préparant à aller vers l'arrière. Carol dit précipitamment : «Ne vous dérangez pas, je vais vous les chercher. — Ce n'est pas la peine.» Il passait devant l'endroit où se cachait Joe — Carol sur ses talons, retenant sa respiration. La couverture faisait un effet visiblement désordonné dans la cabine bien rangée. A suivre