Résumé de la 2e partie n très vite, M. de Ganges sentit que sa femme n'était nullement décidée à lui faire un pareil cadeau. Demeurée toujours amoureuse du marquis, cette femme crédule fut aisément convaincue : le 5 mai 1667, elle fit donc un testament en sa faveur. La malheureuse venait de se condamner à mort. Onze jours plus tard, étant un peu souffrante, elle fit prier le pharmacien de Ganges de bien vouloir lui envoyer une potion à prendre. Le lendemain matin, un valet du château lui présenta un breuvage noir et très épais, qui parut aussitôt suspect à la jeune femme. Sans rien dire, elle le cacha et prit à la place une pilule. Une heure après, un domestique frappa à la porte de la chambre de la marquise. — Monsieur l'abbé et monsieur le chevalier vous demandent de vos nouvelles, fit le valet. Surprise, de cette marque d'attention, Marie de Ganges sourit et répondit qu'elle allait très bien. Une heure coula encore... et le valet reparut, posant la même question à la «belle Provençale», demeurée couchée. Cette insistance finit enfin par ouvrir les yeux de la malade : n'avait-elle pas été l'objet d'une nouvelle tentative d'empoisonnement ? Dans l'après-midi, ses deux beaux-frères entrèrent soudain dans sa chambre. Ils étaient pâles et la face durcie par une résolution farouche. L'abbé s'avança vers Marie, tenant d'une main un pistolet, de l'autre un verre empli d'un liquide noirâtre. Le chevalier dégaina son épée. — Madame, dit l'abbé d'un ton sans réplique, choisissez : du poison, du feu ou du fer. Epouvantée, Mme de Ganges se jeta à genoux devant les deux assassins et les supplia de lui laisser la vie. Avec impatience, l'abbé répondit : — Assez, madame ! Prenez votre parti sans retard, sans quoi c'est nous qui le prendrons pour vous ! Voyant qu'il lui fallait mourir, la malheureuse choisit le poison. Elle prit le verre, murmura : «Mon Dieu, ayez pitié de moi !» puis avala le breuvage de mort. Satisfaits d'eux-mêmes, les deux frères quittèrent leur belle-sœur pour la laisser mourir en paix. A peine la porte fut-elle refermée derrière eux que Marie se leva et, en chemise, courut à la fenêtre et sauta dans la cour ! Le chevalier et son frère s'élancèrent à sa poursuite. Comme la malheureuse venait d'entrer dans une maison, demandant du secours, ses bourreaux y firent irruption. De son épée, le chevalier larda cinq ou six fois la marquise, qui s'écroula. Marie de Ganges survécut à ces multiples attentats. Mais le poison qu'on l'avait forcé à prendre, eut raison de sa résistance physique ; la «belle Provençale» expira le 5 juin 1667, après dix-neuf jours d'agonie, au milieu d'atroces souffrances. L'abbé et le chevalier de Ganges furent condamnés à être rompus vifs ; mais ils avaient pris la fuite. Quant au marquis, qui avait approuvé le meurtre, il fut banni de France et ses biens furent confisqués.