Résumé de la 8e partie n Soudain, Sue Ellen se dressa, les traits déformés par l'horreur et la douleur. Désormais, ils avaient un autre sujet de conversation qu'eux-mêmes et le chewing-gum. Ils, pouvaient maintenant revivre Le Jour Où Les Chatworth Avaient Contracté La Grippe Intestinale. Ils nourrissaient également un projet tout neuf. Durant leur séjour plusieurs cousins avaient remarqué que la maison pourrait sans peine bénéficier d'une certaine modernisation et de soins attentifs. Pendant sa convalescence, Sue Ellen, elle aussi, avait pris conscience du travail à accomplir. — Ça tombe en ruine, affirmait-elle. — Pas du tout ! C'est une forteresse ! répliquait Ellsworth. Autrefois, on savait construire du solide et du costaud. Les travaux qu'elle envisageait coûteraient une fortune —- sa fortune à lui. Rien qu'à parler de dépenses hypothétiques, il avait l'impression qu'on le flouait, ou qu'on l'amputait de l'un de ses membres préférés. En tout état de cause, Ellsworth n'avait pas davantage voix au chapitre pour l'avenir de son domicile ou de son héritage que dans l'empire du chewing-gum. La maison allait être restaurée de la cave au grenier. Sue Ellen voulait «faire ça comme il faut», pour reprendre sa formule. Elle espérait apparaître un jour dans les colonnes de l'Architectural Digest. La facture prévisible s'avérait astronomique. Ellsworth souffrait de chacun des débours envisagés comme si on lui poignardait le cœur, et il finit par refuser d'en écouter davantage. — Laisse-moi t'expliquer, disait Sue Ellen, ce que nous allons faire dans le... — Pas maintenant, rétorquait-il. D'ailleurs, je ne comprends rien aux choses de la maison. En plus, je suis occupé. C'était vrai. Obsédé, frénétique, il ourdissait sans arrêt des plans pour mettre fin à la vie de sa femme, autant qu'à sa prodigalité. Il avait échoué avec la voiture, avec la douche et avec le poison. Sa mère lui répétait toujours que les malheurs surviennent par trois. Cela s'appliquait peut-être aux tentatives de meurtre ratées. Des gens mouraient sur toute la planète. Etait-ce trop demander que Sue Ellen en fasse partie ? Leur ville ne possédait pas de métro sous lequel tomber. Leur maison était dépourvue de vastes fenêtres par lesquelles basculer. Sue Ellen buvait ou absorbait rarement de médicaments, et, lorsque cela arrivait, elle prenait des précautions. Mettre en scène un suicide aurait été grotesque, en raison de son entrain infatigable — mis à part, de temps en temps, ses accès de mauvaise humeur, bien entendu. II pensa devenir fou en mettant au point un nouveau projet. Il lut le récit de crimes parfaits, mais tous reposaient sur des coincidences complexes, sur l'isolement, ou sur les étranges habitudes de la victime, qui lui avaient valu une foule d'ennemis représentant autant de suspects. Un soir, au moment du dessert, Sue Ellen et la cousine Tina papotaient, cependant qu'Ellsworth ruminait le meurtre en observant les deux femmes avec dégoût. A suivre