Résumé de la 14e partie n L'instruction du juge Martin se termina le 3 février 1993. Dans ses conclusions, Martin fut incapable de déterminer qui était l'auteur du meurtre ni quel en était le mobile. Dans son arrêt, il releva que des charges «très sérieuses» pesaient sur Bernard Laroche, sans toutefois conclure à sa culpabilité. Il rendit un «non-lieu» en faveur de Christine Villemin pour «absence totale de charges» — une première en droit pénal en France — estimant sa participation aux faits «invraisemblable et impossible». La mère de Grégory fut officiellement innocentée et réhabilitée. Le juge Martin détermina également les raisons de l'échec de l'enquête : «les lacunes et les insuffisances de la première enquête, les erreurs de procédure, les dissensions au sein de la famille de la victime, les rivalités entre la police et la gendarmerie, les querelles d'expert et les violations du secret d'instruction». En novembre 1993, Jean-Marie Villemin fut jugé à Dijon pour le meurtre de Bernard Laroche. Au bout de six semaines de débats, il fut condamné à cinq ans de prison, dont un avec sursis. Les jurés prononcèrent là un verdict de clémence pour un crime de sang. Déduction faite de la détention préventive, J.-M. Villemin fut libéré deux semaines plus tard sous la condition de ne plus revenir dans les Vosges. Il fut aussi condamné à verser 1 358 000 francs à titre d'indemnités à la veuve Laroche. L'ombre du «corbeau» réapparut lors du procès par l'intermédiaire du journaliste Jean Ker lequel témoigna que, le 23 octobre 1984, neuf jours après la mort de Grégory, il s'était rendu chez Louisette Jacob, la tante de Jean-Marie Villemin, pour avoir des renseignements sur la généalogie de la famille : «Arrive alors un homme que je ne connaissais pas (Laroche), avec un tee-shirt, qui semblait se lever du lit. On discute, je parle des «Villemin», il se met à taper du poing sur la table, les yeux exorbités et crie : «Les salauds de Villemin, je ne les plains pas, ils ont payé pour ce qu'ils ont fait. Ils peuvent crever. Ils m'ont toujours mis de côté, le dimanche je n'allais pas dans leur maison. Il n'y a que pour les corvées que je suis bon, je suis le pauvre con, on ne me rembourse que mon gazole.» Les propos étaient du même ton que ceux du corbeau... A suivre