Résumé de la 23e partie n En trois coups de baguette, le roi Charmant se vit le même qu'il avait été, beau, aimable, spirituel et magnifique. Cependant la reine Florine, déguisée sous un habit de paysanne, avec ses cheveux épars et mêlés, qui cachaient son visage, un chapeau de paille sur la tête, un sac de toile sur son épaule, commença son voyage, tantôt à pied, tantôt à cheval, tantôt par mer, tantôt par terre : elle faisait toute la diligence possible ; mais, ne sachant où elle devait tourner ses pas, elle craignait toujours d'aller d'un côté pendant que son aimable roi serait de l'autre. Un jour qu'elle s'était arrêtée au bord d'une fontaine dont l'eau argentée bondissait sur de petits cailloux, elle eut envie de se laver les pieds ; elle s'assit sur le gazon, elle releva ses blonds cheveux avec un ruban, et mit ses pieds dans le ruisseau : elle ressemblait à Diane qui se baigne au retour d'une chasse. Il passa dans cet endroit une petite vieille toute voûtée, appuyée sur un gros bâton ; elle s'arrêta, et lui dit : – Que faites-vous là, ma belle fille ? vous êtes bien seule ! – Ma bonne mère, dit la reine, je ne laisse pas d'être en grande compagnie, car j'ai avec moi les chagrins, les inquiétudes et les déplaisirs. À ces mots, ses yeux se couvrirent de larmes. – Quoi ! si jeune, vous pleurez, dit la bonne femme. Ah ! ma fille, ne vous affligez pas. Dites- moi ce que vous avez sincèrement, et j'espère vous soulager. La reine le voulut bien ; elle lui conta ses ennuis, la conduite que la fée Soussio avait tenue dans cette affaire, et enfin comme elle cherchait l'oiseau bleu. La petite vieille se redresse, s'agence, change tout d'un coup de visage, paraît belle, jeune, habillée superbement ; et regardant la reine avec un sourire gracieux : – Incomparable Florine, lui dit-elle, le roi que vous cherchez n'est plus oiseau ; ma sœur Soussio lui a rendu sa première figure, il est dans son royaume ; ne vous affligez point ; vous y arriverez, et vous viendrez à bout de votre dessein. Voici quatre œufs ; vous les casserez dans vos pressants besoins, et vous y trouverez des secours qui vous seront utiles. En achevant ces mots, elle disparut. Florine se sentit fort consolée de ce qu'elle venait d'entendre ; elle mit les œufs dans son sac, et tourna ses pas vers le royaume de Charmant. Après avoir marché huit jours et huit nuits sans s'arrêter, elle arrive au pied d'une montagne prodigieuse par sa hauteur, toute d'ivoire, et si droite que l'on n'y pouvait mettre les pieds sans tomber. A suivre Marie Catherine, comtesse d'Aulnoy