«La beauté ne se mange pas en salade», disent certaines personnes ; cela signifie que la beauté n?est pas importante, en tout cas qu?elle ne doit pas prendre trop d?importance dans la vie. Un proverbe kabyle dit bien : «C?est l?abeille qui est noire et le chien blanc», autrement dit l?abeille est laide (c?est le symbole de la couleur noire, ici) mais elle est utile puisqu?elle donne du miel ; le chien est beau (c?est le symbole de la couleur blanche) mais il est vil et mal considéré. Les gens pieux citent un hadith du Prophète qui dit qu?«on épouse une femme pour la noblesse de ses origines, pour sa fortune, pour sa beauté ou sa piété : la piété doit primer sur les autres considérations !» Cependant, il ne faut pas dire que la beauté est une valeur que peu de gens dédaignent : on aime les belles maisons, les beaux meubles, les beaux décors que l?on a du plaisir à exposer ; en revanche, on a tendance à cacher les choses laides dont on a honte. Il en va de même des personnes : les belles filles, les beaux hommes sont glorifiés et les laiderons et les disgracieux hués ! «Hada chbab» (celui-ci est beau), «hadi chaba» (celle-ci est belle). Le mot chbab, qui signifie «beau», a aussi, curieusement, le sens de «jeune» : chabab (la jeunesse) se confond ici avec la beauté ! Mais on reconnaît que si la beauté s?associe souvent à la jeunesse, elle n?est pas son apanage : ne dit-on pas des vieilles personnes qu?elles gardent leur beauté ? Un diminutif de chbab, chbieb, a le sens de «mignon» ; on l?emploie généralement pour les jeunes enfants mais on le dit aussi pour les grands : «Ch?hal chbieb» (comme il est beau !). On connaît un féminin, chbieba, mais il est rare.