Pour les citoyens, c?est la croix et la bannière à chaque fois que des documents officiels leur sont exigés. Commencent alors la quête du fameux «papier» et la galère autour des guichets qui ne désemplissent pas. Comme chaque jour, il y a foule aujourd?hui à l?APC d?Alger-Centre. Les deux comptoirs réservés à l?état civil sont investis par des demandeurs. Installés derrière, des employés remplissent des feuilles qui ne sont souvent que la base d?un dossier à constituer. Des liasses de «paperasse» se promènent dans le hall, d?un guichet à un autre. Un livret de famille, une chemise en carton, des papiers froissés entre les mains, on va, on vient, on interroge. C?est là tout le tourment des citoyens qui est exprimé au fil des jours. Devant le comptoir situé en face, une longue file s?est formée pour la légalisation. Un bruit sec se fait entendre à répétition. Quatre employés apposent un cachet sur les documents à une allure de travail à la chaîne. Sa fiche d?état civil à peine obtenue, une jeune fille court la remettre à une autre qui l?attendait dans une autre file. À l?intérieur d?un bureau longitudinal, on s?empresse devant les guichetiers pour une résidence, une attestation de célibat, une attestation de non-remariage, ou une procuration. Tout semble fonctionner dans l?ordre lorsqu?une dispute éclate. Un jeune homme est dans tous ses états après s?être fait rabrouer par un employé. Il insulte ce dernier copieusement et le traite de tous les noms d?oiseaux. Tout porte à croire qu?une bagarre n?est pas loin. Des collègues du fonctionnaire prennent le jeune homme à part et le calment. Alors qu?il se dirige vers la sortie en compagnie d?une jeune fille, nous l?interpellons pour connaître la raison de la dispute et c?est son amie qui avance pour nous signifier un niet catégorique. «Non, non, ce n?était rien», nous répond-elle, ne laissant aucune chance de s?exprimer au jeune «guerrier» resté sagement en retrait. Dans le même bureau, un homme se plaint à un des employés, qu?il semble connaître, de ne pas avoir été reçu par la personne à laquelle il a été recommandé. «Je n?ai pas été averti», lui répond l?intéressé, tout en demandant au «plaignant» de revenir demain. Une journée de perdue pour notre homme qui doit encore abandonner son travail. Une jeune fille venue demander une attestation de non-emploi se heurte au refus des personnes qu?elle sollicite pour lui servir de témoin. Une vieille femme semble désemparée. Elle doit prouver son existence pour continuer à recevoir sa pension de retraite, mais elle ne sait comment faire. A côté de ces «damnés», il existe tout de même des heureux. Comme cet homme qui n?a pas eu besoin de se mêler à la foule pour recevoir les documents sollicités, le sourire en prime d?une jeune guichetière sortie expressément de derrière un des comptoirs. Un autre employé répond par un «bla m?ziya» aux remerciements d?une femme à laquelle il a «rendu service» en lui évitant l?attente et les tracasseries. Des guichets se vident bien qu?il ne soit pas encore midi. Alors que nous croyions la tension baissée, de nouveaux arrivants viennent grossir les files. Ceux-là mettent peut-être à profit la pause déjeuner pour régler le problème de la «paperasse» administrative.