Echec n Depuis 1995, les pouvoirs publics tablent sur des exportations à deux milliards de dollars, mais le total des exportations ne dépasse pas aujourd'hui les 800 millions de dollars. Le tissu industriel national est composé, dans sa grande partie, de petites et moyennes entreprises (PME) qui n'arrivent pas à exporter leurs produits vers les marchés étrangers pour différentes raisons. Un bon nombre de ces PME, au regard de leurs capacités de production et leurs moyens financiers, préfèrent écouler leurs produits sur le marché national qui devient aussi, et il faut le reconnaître, de plus en plus attractif. Selon Zohir Benslim, président de l'Agence nationale des exportateurs algériens (Anexal), cette option est parfois imposée par des difficultés auxquelles sont confrontées ces petites entreprises à étaler leurs produits dans les marchés étrangers. Il y a d'abord l'aspect de la concurrence et la relation qualité-prix. Si l'exportation n'est pas rentable, aucun industriel ne peut s'aventurer à exposer ses produits dans d'autres pays. «On n'exporte pas pour le prestige, mais plutôt pour gagner de l'argent. En l'absence de plans de promotion et de développement des PME, ainsi que d'une stratégie publique pour le développement de ce créneau, les entreprises demeurent impuissantes», a expliqué M. Benslim, lors d'une conférence organisée hier à la Safex, en marge de la Foire de la production nationale. Pourtant, regrette-t-il, l'Algérie avait des traditions d'exportations hors hydrocarbures avant le début de la dernière décennie. Mais, ajoute le conférencier, la libéralisation «expéditive» de l'économie s'est négativement répercutée sur les performances de l'industrie nationale et, par conséquent, sur ses capacités d'exportation. Les exportations algériennes d'aujourd'hui sont représentées à hauteur de 80% par les hydrocarbures, alors que le pays dispose de grandes potentialités de développement de l'industrie permettant la diversification des produits exportés. Le faible taux des exportations hors hydrocarbures est aussi dû, selon M. Benslim, à l'inexistence d'une volonté politique de la part de l'Etat. «Les responsables savent pertinemment que les exportations doivent être renforcées et diversifiées, mais ils continuent malheureusement à considérer que la question ne relève pas de l'urgence. Il me semble qu'ils sont contents de ce statut d'un pays mono-exportateurs, ce qui aura de graves répercussions dans les années à venir», tonne-t-il. Pour le conférencier, la non-mise en place du conseil national consultatif pour la promotion de l'exportation (Cncpe), décidée pourtant depuis trois ans et le dispositif juridique déjà mis en place reflètent le niveau de volonté politique dans ce créneau. L'objectif des exportations hors hydrocarbures pour une valeur de deux milliards de dollars, répétés par les dirigeants depuis 1995, est loin d'être atteint. La totalité des exportations ne dépasse pas aujourd'hui les 800 millions de dollars, déplore le conférencier. A titre comparatif, la Tunisie et le Maroc exportent, hors hydrocarbures, pour plus de 13 milliards de dollars par an et ce, grâce à la stratégie qu'ils ont adoptée et mise en œuvre depuis plus de vingt ans, explique encore M. Benslim.