Bilan n Ils sont 179 mineurs à avoir été victimes de violence sexuelle de janvier à mars de l'année en cours. Qu'ils habitent dans les agglomérations ou en milieu rural, ils ont été privés de leur enfance, de la protection de la famille, de la communauté, exposés aux risques d'exclusion et à des conséquences psychologiques non négligeables. La prolifération du phénomène de la pédophilie, de l'inceste, de l'atteinte à la pudeur et du viol a brisé des centaines d'enfants pour qui la notion d'enfance est en pratique dénuée de sens. Le rapport rendu public, hier, lundi, par la Gendarmerie nationale sur les violences sexuelles dont ont été victimes près de 1 468 enfants de 2006 à 2007, confirme cette tendance à la hausse en dépit de la relative baisse enregistrée ces deux dernières années. Pour le sous-lieutenant, Sihem Abrous, promotrice de ce travail, les chiffres figurant dans ce rapport sont loin de refléter la dure réalité du terrain puisque ces agressions demeurent taboues chez de nombreuses familles. L'origine et les raisons de la prolifération de ce genre d'agression restent, selon notre interlocutrice, peu étudiées ou analysées. Il n'en demeure pas moins que le phénomène a de tout temps existé, assure-t-elle. «Aujourd'hui, le tabou semble relativement interrompu», selon elle. Pour preuve, des requêtes ne cessent d'être introduites par la famille ou la victime elle-même auprès des structures de la justice sans trop se soucier du qu'en-dira-t-on de l'entourage. Les résultats de ce travail portent aussi sur les caractéristiques de l'auteur de «l'agression». Il est ainsi établi que celui-ci est dans l'ensemble un chômeur sans aucune source financière. Viennent en deuxième position les mineurs de moins de 18 ans, puis en dernière position figurent des fonctionnaires. Ils sont près de 1 725 personnes à être impliqués dans 1 341 affaires de pédophilie en 2006 contre 1 524 personnes en 2007. Selon les statistiques fournies par les services de la Gendarmerie nationale, ce phénomène a touché l'ensemble des wilayas du pays pour l'année 2008. Il convient de souligner dans ce contexte que les wilayas d'Oum El-Bouaghi, Mostaganem, Sétif, Skikda ont enregistré le plus grand nombre de victimes d'attentats à la pudeur au cours de cette même année. La plupart des agressions liées au viol ont été cependant signalées dans les wilayas d'Oran, d'El-Bayadh, de Aïn Témouchent et d'Alger. Les affaires d'enlèvements suivies d'attentats à la pudeur ont été beaucoup plus présentes, quant à elles, à Tlemcen, Oran, Tiaret, Blida et Alger. «L'indice de violence, sous toutes ses formes, à l'encontre des enfants est élevé en Algérie», affirme l'intervenante. Une situation qui ne manque pas d'interpeller, dit-elle, les services de la Gendarmerie nationale à tirer la sonnette d'alarme.