Abdelaziz Bouteflika n'a pas à endosser le costume de Président. Il le porte déjà, et, plus que tout autre candidat, sait à quoi s'en tenir quant aux lourdes charges qui l'attendent, les lourdeurs pouvant freiner son action et, surtout, comment faire sauter tous les verrous pour concrétiser ses promesses. Mais, plus que tout autre candidat aussi, parce qu'il est justement déjà «rodé» à l'exercice et connait le système, il doit dès l'entame de son quatrième mandat engager les chantiers qu'il a promis de lancer pour le changement. Et le temps n'est pas son meilleur allié. Car, il n'est pas seulement question de se mettre au travail pour abattre une grosse besogne nécessitant réflexion, étude et projections, avant de passer à la réalisation, mais surtout de s'entourer d'une équipe réunissant toutes les aptitudes pour produire des idées et/ou les concrétiser. Toute réalisation est le produit d'une chaîne de responsabilités. Or, c'est dans ces chaînes que se situent, à différents niveaux, même au sommet, les maillons faibles à remplacer et les cliquets de blocages à déboulonner. Le lancement de tout projet devra donc attendre la construction de ce nouveau système de gouvernance, condition sine-qua-none et passage obligé, qui mettra en place ces chaînes de commandement dont tous les maillons et les leviers de manœuvre seront connus, apparents et soumis aux contrôles d'instances indépendantes. Un tel chantier ne peut être bouclé en deux temps, trois mouvements, ni même en plusieurs. D'autant plus qu'il s'agira de déloger et d'éjecter des responsables qui ont plus travaillé au confortement de leur position en nouant des alliances et en se garantissant tous les soutiens qu'ils pouvaient qu'à la réalisation des missions qu'on leur a confiées. Déraciner tout cet enchevêtrement de complicités et de relations d'intérêts qui enserre toute l'administration qu'il met à son service, s'apparente à ce nettoyage de fond en comble qu'on avait confié à Héraclès. La réalité algérienne n'a de toute évidence rien à voir avec l'exploit individuel mythologique. Le travail d'assainissement et de construction de l'Etat devra être une action commune qui s'appuiera sur toutes les forces et les compétences, y compris celles dont le rôle est d'être critique : le contre-pouvoir. Faudra-t-il encore que l'Etat laisse cette force se constituer et qu'elle-même le fasse. L'opposition ne peut continuer à jouer son rôle qu'à l'occasion des rendez-vous électoraux. Elle doit occuper le terrain 12 mois sur 12, avec un programme, car opposition doit rimer avec propositions, pour amener le citoyen à, si ce n'est s'impliquer dans la gestion des affaires de l'Etat, s'y intéresser pour le moins. C'est ainsi et seulement ainsi que cette gouvernance participative que tout le monde promet et que tout le monde revendique pourra devenir réalité. H. G.